Zermatt: la rando la plus emblématique de Suisse

Avec sa vue presque continue sur le Cervin, la randonnée des cinq lacs est un incontournable pour quiconque visite Zermatt à la belle saison. Ces jours, les premières lueurs de l’automne donnent aux arbres des reflets magiques alors que la neige saupoudre déjà les plus hauts sommets.

Sur WhatsApp, j’ai plusieurs «groupes» de discussion dans lesquels je suis en fait seule et qui me servent à noter des infos à garder en tête concernant plein de sujets plus ou moins importants. Oui, je sais, il y a des applis pour ça mais je me suis habituée à cette façon de faire. Dans le groupe intitulé «Randonnées» s’accumulent des dizaines de liens, de photos et de mots-clés concernant les endroits que j’ai envie de visiter. Le 7 août 2019, j’avais envoyé la mention «Rando des cinq lacs» avec un lien vers un article de blog qui m’avait plu. Le 23 septembre 2022, il était plus que temps de cocher cette case.

Avant de m’y pencher en détail, je pensais que cette randonnée était plutôt longue et réservée aux randonneur∙ses averti∙es alors que ce n’est pas le cas. L’itinéraire de près de 10 kilomètres reste vraiment accessible et ne prend pas plus de trois heures. Prévoir cette excursion sur une seule journée peut sembler un peu ambitieux si l’on vit à plus de trois heures de train de Zermatt, mais c’est en fait parfaitement faisable, pour autant que l’idée d’un réveil matinal ne te rebute pas trop.

Certes, Zermatt se trouve bien loin des contrées familières de la Broye, mais le trajet en train est agréable et nécessite peu de changements (dans mon cas: Avenches – Berne – Visp – Zermatt). Arrivée dans la station valaisanne, je sors de la gare et serpente entre les minibus électriques qui pullulent dans les rues – à tel point que l’appellation de commune sans voiture dont se targue Zermatt sera bientôt galvaudée – et je rejoins le départ du funiculaire pour Sunnegga. Il suffit de cinq minutes de montée abrupte dans un couloir sans vue pour rejoindre le sommet où, déjà, le Cervin expose son majestueux profil.


La plupart des sites internet recommandent l’itinéraire partant de Blauherd et terminant à Sunnegga, ce qui est l’option la plus aisée car elle offre davantage de descente. Je monte donc dans une cabine pour rejoindre le prochain sommet. Enfin, la randonnée commence et j’embrasse du regard le vaste panorama qui s’offre à moi. Le sentier caillouteux grimpe dans une végétation sèche aux couleurs fauve. Les mélèzes qui parsèment la vallée en contre-bas sont encore verts, mais leurs aiguilles menacent de s’enflammer. Et dans mon dos, le Cervin veille.

Il suffit de peu de temps pour apercevoir les scintillements du premier lac. Le Stellisee est probablement le plus connu des plans d’eau de la région, tant il reflète à la perfection les contours du toblerone. J’en fais le tour sans me presser, profitant de la beauté de chaque recoin. Je suis loin d’être seule; à mes côtés, on s’extasie dans toutes les langues en immortalisant ce décor magnifique.

La promenade se poursuit sur une large piste qui descend à flanc de coteau. Dans la végétation qui borde le chemin, ça bourdonne encore timidement même si les températures fraîches ont modéré les ardeurs des insectes. Quelques linaigrettes esseulées dansent au vent. Leurs têtes de pompon blanc parsèment le vert-orangé de l’herbe.

Le chemin qui prend la forme d’une arête rejoint déjà le deuxième lac, le Grindjisee, qui me séduit au premier regard avec son eau cristalline et ses berges sauvages. Je le rejoins par un petit marécage où mes chaussures s’enfoncent et frôlent la noyade. J’atteins le sol ferme et admire la danse des petits poissons sous la surface du lac. Les arbres se reflètent dans l’eau et forment une barrière d’aiguilles verdoyantes devant le profil du Cervin.


Sur l’entier de la randonnée, les panneaux permettent de s’orienter sans avoir besoin de sortir son téléphone. Il suffit d’ailleurs bien souvent de suivre les autres, car bien que nous soyons en semaine, le chemin n’est jamais désert.

Après le joli Grindjisee, je descends jusqu’à atteindre la rivière de Findel. Le torrent de montagne étend ses bras dans une sorte de large plaine piquée de quelques mélèzes.

Mes pas me guident ensuite en direction du bien-nommé Grünsee. Le sentier grimpe légèrement pour déboucher près d’un petit aqueduc en bois dans lequel l’eau ruisselle jusqu’au lac. À en croire les commentaires de deux personnes arpentant son rivage, le lac est très peu rempli pour la saison. Son eau transparente laisse entrevoir quelques gros poissons paresseux.

Je poursuis ma route en direction du Mountain Lodge, petite auberge de montagne agrémentée d’un toit en ardoise, d’un drapeau valaisan et d’une terrasse avec parfait coup d’œil sur le Cervin. Au bord du sentier, de grands arbres biscornus et majestueux attirent le regard.

Soudain, un bleu électrique perce entre les aiguilles des mélèzes et des pins, juste en contre-bas. C’est la surface du prochain lac, mais il est encore loin. Il faut d’abord dévaler quelques lacets sinueux et traverser à nouveau les flots du Findel.

Le Moosjisee semble presque irréel tant la couleur de son eau est vibrante. C’est une caractéristique typique des lacs de montagne dont les eaux enrichies en alluvion proviennent directement de la fonte des glaciers – ici celui de Findelen. Le Moosjisee sert notamment à la production d’électricité et de neige artificielle.

Il est temps de rejoindre le cinquième et dernier lac. Le sentier s’égare dans les hauteurs et il commence à faire chaud. Je profite encore de la vue sur la forêt de conifères, plus dense ici, et sur les sommets saupoudrés de neige.

Enfin, j’atteins le Leisee. Allongé au pied du téléphérique de Sunnegga, mon point d’arrivée, ce lac est surtout aménagé pour les familles. Coin grillades, chaises longues en bois, baignade autorisée et aire de jeux ont achevé de dissiper son caractère sauvage. Mais une chose subsiste, immuable et magnifique: la vue sur le Cervin.


Infos utiles

🏔 Itinéraire: Blauherd – Stellisee – Grindjisee – Grünsee – Moosjisee – Leisee – Sunnegga
🏔 Durée : environ 3 heures
🏔 Difficulté : accessible à tout le monde y compris en famille, je pense.

Depuis la gare de Zermatt, rends-toi au téléphérique de Sunnegga (à 5-10 minutes à pied). Au sommet, prends les cabines pour rejoindre Blauherd. Tu peux aussi faire la randonnée dans le sens inverse pour un peu plus de challenge et de transpiration.

Pour une petite pause en chemin, profite de la vue sur le Cervin à la terrasse du Mountain Lodge, ouvert tous les jours de 9h à 15h30.

6 commentaires sur « Zermatt: la rando la plus emblématique de Suisse »

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