Au pays des automates et des boîtes à musique

27 janvier 2018

La deuxième partie de notre excursion du côté du balcon du Jura se déroule à Sainte-Croix. Selon son site internet, la petite cité vaudoise compte pas moins de six musées, surtout consacrés aux « Artisans du rêve ». Ces derniers travaillèrent le bois, le métal et les autres ressources qui firent la renommée de la région.

Ce n’est pas incroyablement joli, Sainte-Croix. Nichée dans les montagnes au-dessus d’Yverdon, la commune compte un peu moins de 4’500 habitants et doit son développement à l’essor de la sidérurgie, de l’horlogerie et de la mécanique de précision. Trois domaines qui évoquent un passé industriel fort et confèrent à cet endroit une ambiance moyennement chaleureuse. Bref, ça change du décor enchanteur du Lac de Joux…

Mais on ne se laisse pas avoir par ce premier coup d’œil. Nous avons rendez-vous dans un musée qui promet de jolies découvertes: le CIMA. Le Centre international de la mécanique d’art expose une belle collection de boîtes à musique et d’automates qui ont fait la renommée de Sainte-Croix bien au-delà des frontières du pays.

Avant de commencer, juste une précision: en triant les photos que j’ai faites de cette visite, je me rends compte qu’elles ne sont vraiment pas top. Je partage quand même les moins pires, mais je vous mets de meilleures références en fin d’article.

L’industrie des boîtes à musique s’est établie ici au début du 19ème siècle déjà, avec la fondation de l’usine Reuge. C’est un univers que je ne connaissais pas du tout et qui s’est révélé fascinant. Dans les salles du musée, des caissons de tailles diverses, parfois très imposants, se succèdent. Leur bois magnifique est décoré de motifs plus clairs et de dorures. À l’intérieur, mis en marche par le mouvement de la manivelle, un cylindre d’acier piqués de goupilles vient soulever les lames qui produisent la musique. Notre guide nous raconte l’histoire de cette industrie qui date de la fin du 18ème siècle et l’importance qu’elle revêt pour le développement de Sainte-Croix.

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Un soin immense est apporté aux boîtes à musique. Chacune d’elle est une œuvre d’art. La température des salles est attentivement vérifiée et il est interdit de toucher aux instruments.

Nous avons rendez-vous avec François Junod, automatier et enfant de Sainte-Croix. Je n’ai jamais entendu parler de lui avant – honte à moi – , mais c’est une véritable star dans ce domaine. Il revient d’ailleurs tout juste d’Asie (de Singapour, si mes souvenirs sont bons) où il expose régulièrement ses créations. Pierrots écrivains, animaux musiciens, personnages oniriques, ses pièces fascinent. Dans son art, il cherche à reproduire mécaniquement l’activité humaine. Pour les profanes que nous sommes, François Junod expose les entrailles de l’un de ses automates les plus célèbres: un Pierrot écrivain. Autour d’un mécanisme complexe où s’activent ressorts, rouages et engrenages, il crée un personnage, mais surtout, il raconte une histoire. Avec passion, il nous explique l’élaboration de ce personnage, le choix des tissus, des couleurs, la confection du secrétaire en bois et le soin particulier apporté au façonnage des mains.

Lorsque François Junod le met en marche, la main du Pierrot trempe subtilement sa plume dans l’encrier et s’active doucement. Sa tête se balance à peine, ses yeux suivent le dessin de l’encre sur le papier. Le mécanisme est complexe, et honnêtement, je n’ai pas tout compris. Mais c’est beau!

Après cette rencontre avec le métier d’automatier (un art qui se fait de plus en plus rare), la visite se poursuit à l’étage. C’est un voyage dans le temps qui nous emmène à la découverte d’une incroyable collection de phonographes. Parmi les plus anciens, le Symphonion ressemble à une horloge à pendule dans laquelle le disque s’insère à la verticale. Ce dernier est plus grand qu’un 33 tours et fabriqué en métal parsemé de petits trous. Il y a également des gramophones ornés de magnifiques pavillons qui me font penser aux Aristochats et d’autres tourne-disques plus modernes dans des petites valises.

phono

Notre incroyable visite au CIMA se termine dans la salle de bal. On y découvre de magnifiques orgues mécaniques, ou orgues de foire, notamment Limonaire Frères, la marque la plus célèbre. Ces superbes pièces ont été imaginées en France au 19ème siècle, comme alternative aux concerts pour la diffusion d’œuvres célèbres. Enfin, l’orchestrion célèbre la fin de notre visite de son chant assourdissant. Ce grand automate se compose d’un accordéon, d’un saxophone et de divers instruments de percussions qui se mettent en marche accompagné d’un système d’éclairage qui donne clairement envie de partir en piste. Le tout est donc joué sans musicien, mais selon une « partition » faite de carton perforé et assemblé sur une grande roue qui peut peser jusqu’à 80 kilos (on la voit à droite sur l’image).

automate

Si vous cherchez une activité pour occuper une journée d’hiver (ou d’été d’ailleurs), pensez au CIMA! Je n’avais jamais entendu parler de ce musée avant, et je n’aurais quand même pas forcément eu envie de le visiter autrement, mais cela a été une très belle surprise! Une visite à faire absolument!

 


INFORMATIONS UTILES

Centre international de la mécanique d’art
Rue de l’Industrie 2
1450 Sainte-Croix

On entre au musée seulement sur visite guidée. Il y en a une par jour en semaine et deux le week-end. Attention aux horaires qui varient souvent (voir sur le site).

L’image de couverture de cet article vient du site internet de la région d’Yverdon.
La première photo (l’église) vient du site internet de la commune de Sainte-Croix.

J’ai fait cette visite sur invitation de l’office du Tourisme du canton de Vaud (qui a la mauvaise idée de s’appeler « Région du Léman » ). Cet article reflète évidemment mon avis personnel 🙂

Catégories : Culture | Excursion | Hiver | nature | Suisse

2 Commentaires

  1. Daniel

    Ah notre beau canton de Vaud! Joli article sur ce musée que je ne connaissais pas. Merci pour le partage, ça me fera une idée de visite 😉

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  2. Sarah

    Merci pour l’article, ça a l’air cool!

    Réponse

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  1. Ski de fonds dans le Nord Vaudois - […] point de départ idéal pour notre visite. C’est en fin de journée, suite à notre visite au CIMA, que…

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Je m’appelle Camille et je suis touriste professionnelle (entre autres). J’ai créé Lève l’encre en 2017 pour partager le récit de mes voyages à la découverte des paysages de Suisse et d’ailleurs. J’espère te donner envie de voyager, notamment en privilégiant le train – pour la planète, mais aussi parce que c’est une expérience exceptionnelle.

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