Une odeur de vacances aux accents de rose flotte dans la petite ville médiévale d’Estavayer-le-Lac. Après avoir sillonné ses rues pittoresques et peinturlurées, on s’échappe dans les hautes herbes de la Grande Cariçaie jusqu’au vignoble ensoleillé de Cheyres.
J’y pensais depuis longtemps : m’offrir un jour de vacances à Estavayer-le-Lac et prendre le temps d’y flâner avec mes yeux de touriste. Un peu à l’instar de Morat, la petite ville offre une parfaite atmosphère estivale à moins d’une demi-heure de train d’Avenches. Il fait beau et chaud, c’est l’occasion d’aller fouler les pavés chauffés par le soleil avant de profiter de l’ombre de la Grande Cariçaie. Un programme tout trouvé qui convainc directement la petite sœur danoise de passage en Suisse. Elle glisse sa fille dans le sac à dos pendant que j’attrape l’appareil photo. Un coup de crème solaire, une casquette, un doudou et nous sommes en route.
Enfin presque: juste avant la promenade, je prends le temps de visiter Estavayer en parcourant son centre historique. Depuis 2019, l’art urbain secoue le paisible décor médiéval, apposant des couleurs et des reliefs aux sages murs staviacois. Une vingtaine d’œuvres composent l’itinéraire artistique d’ArtiChoke, véritable galerie à ciel ouvert.
Je suis la carte qui recense les créations, admire les fenêtres fleuries et serpente dans les ruelles pavées jusqu’au château. Construit au 13e siècle, l’édifice savoyard abrite aujourd’hui la préfecture du district de la Broye fribourgeoise. Au début de l’été, le cinéma open-air prend ses quartiers dans sa jolie cour.
L’endroit est superbe, mais pour une vraie belle vue sur le château, je m’éloigne en direction de la place de Moudon. Sur le chemin, je m’émerveille encore des géraniums et des roses qui fleurissent à chaque coin de rue. Avec la grenouille, la rose est l’emblème de la ville d’Estavayer. En prenant le temps de descendre jusqu’au bord du lac, on peut d’ailleurs contempler et humer une superbe roseraie sur le chemin de la plage. Mais ce n’est pas le programme du jour.
Je passe encore près de la collégiale St-Laurent, imposant édifice gothique coincé dans le labyrinthe des ruelles, avant de rejoindre la place de Moudon. À l’ombre de son majestueux tilleul, je contemple le panorama. Entre la vieille ville et le lac de Neuchâtel, le décor est magnifique.
L’itinéraire est facile à suivre, et le nom des rues laisse peu de place à la surprise. Au départ de la gare, on suit un court instant la route d’Yverdon en direction d’Yverdon avant de bifurquer sur le sentier de la Cascade jusqu’à… la cascade.
Nous sommes dans la grande Cariçaie, l’une des plus belles réserves naturelles d’Europe. Cette vaste zone marécageuse occupe l’ensemble de la rive sud du lac de Neuchâtel et abrite environ 1’000 espèces végétales et 10’000 espèces animales, soit le quart de la flore et de la faune suisse. On avance sur une ligne droite d’un kilomètre et demi, au milieu des herbes et des arbres. Un petit crochet dans le dédale des chalets nous permet d’atteindre le bord du lac, distillant une goutte de bleu dans cet océan de vert.
À la hauteur de Font, on s’éloigne du rivage pour monter vers les collines. Nous traversons le village fleuri, grimpons jusqu’à Châtillon et profitons d’un beau coup d’œil sur le lac avant de plonger dans l’ombre bienvenue de la forêt.
On en ressort à Châbles, où la fontaine rafraîchit nos mains et abreuve nos gourdes. Le village est paisible. On le traverse en longeant les vieilles bâtisses du centre puis les jardins au gazon ras qui tapissent les quartiers résidentiels.
Au milieu des champs, un lacet de goudron nous reconduit à la forêt, au sommet d’un chemin de croix. Une ribambelle d’escaliers jalonnés de croix en bois dévale la colline. À mi-chemin, on s’arrête pour visiter la chapelle Saint-Joseph, minuscule édifice noyé dans les branchages.
Les marches débouchent au sommet de Cheyres, dans un vaste quartier de villas avec vue imprenable sur le lac. Quelques zigzags viennent à bout du dénivelé et nous mènent au pied de l’unique vignoble entièrement fribourgeois – et le seul situé sur la rive sud du lac de Neuchâtel. Les quelques terrasses du village offrent l’occasion déguster l’un des crus locaux avant de reprendre le train pour Estavayer.
Informations utiles
Itinéraire : Estavayer-le-Lac – Font – Châtillon – Châbles – Cheyres
Distance : 9,2 kilomètres
Dénivelé : 263 mètres
Difficulté : facile
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