Les vagues de Saint-Malo

3 février 2019

Enfile ta marinière, tes bottes et ton ciré jaune: on part à l’assaut de la belle cité corsaire. C’est au rythme des marées, un verre de cidre à la main et du Soldat Louis dans les oreilles qu’on découvre un petit bout de Bretagne – l’une de plus belles régions de France.

Les pieds dans l’eau, Saint-Malo s’étend aux confins des territoires vallonnés de Bretagne, sur le littoral de la Manche. Depuis la Suisse, on s’y rend évidemment en train, en passant par Paris et la jolie Rennes. Dans la ville, on se balade à pied pour admirer l’architecture malouine des maisons qui bordent la plage. Les mouettes survolent les toits. Leurs cris aigus se perdent dans les bourrasques d’un vent salé.

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Le lien indéfectible qu’entretient Saint-Malo avec les eaux qui l’entourent a façonné son histoire. Au fil des siècles, pêcheurs, matelots, armateurs, explorateurs et corsaires s’élancèrent de ses berges vers des aventures maritimes qui offrirent à la ville bretonne son prestige. Enfant de Saint-Malo, Jacques Cartier quitta les côtes de sa cité pour rejoindre le Canada en 1534 et devint le marin français le plus célèbre de la Renaissance. Un siècle plus tard, le corsaire René Duguay-Trouin s’illustra par son courage et sa pugnacité, accédant au rang suprême de lieutenant général des armées navales. Statues et plaques commémoratives honorent aujourd’hui ces illustres figures.

À Saint-Malo, les amoureux de la mer se laisseront ensorceler par la danse fascinante des marées, parmi les plus impressionnantes d’Europe. Quand la houle gronde, les vagues enragées viennent s’écraser contre les hauts murs de pierre qui protègent les habitations. La nature incontrôlable donne à ce paysage des airs de fin du monde. Lorsque l’eau se retire, elle dévoile des étendues de sable immenses d’où émergent, craintifs, des petits crabes agités. Les enfants s’agenouillent sur le sol humide pour les cueillir.

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«Amzer’zo !» disent les Bretons – ce qui signifie que rien ne presse. On prend en effet plaisir à flâner dans la cité intramuros, tout à l’ouest de la ville. Cette petite forteresse ceinturée de hauts remparts froids est le centre historique de Saint-Malo. On y entre par la porte Saint-Vincent, au pied du Musée historique, avant de s’engouffrer dans un labyrinthe de ruelles alambiquées. Presque entièrement détruite par les bombardements alliés lors de la Seconde Guerre mondiale, la péninsule a été reconstruite à l’identique.

Au cœur de la vieille ville, de nombreuses échoppes proposent des délices de la gastronomie bretonne et des souvenirs rayés de bleu et de blanc. Les froides façades de granit sont étonnement accueillante et on se plait à se prélasser dans ces rues. L’occasion de déguster une crêpe ou un kouign-amman en s’émerveillant devant les jolies enseignes.

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Le sommet des remparts offre une superbe promenade. La vue sur l’immense étendue d’eau parsemée d’îles est simplement magique. Tout à l’ouest du parcours, le chemin surplombe la plage de Bon-Secours et sa piscine naturelle, que la mer ne manque pas de remplir en se retirant.

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Un peu plus au nord, la statue de Robert Surcouf pointe son doigt vers l’horizon, désignant l’ennemi anglais. Au début du 19e siècle, le corsaire français est devenu l’un des armateurs les plus puissants de Saint-Malo. Au loin, on distingue l’île du Grand Bé, où repose l’écrivain Chateaubriand – pour «n’y entendre que la mer et le vent», selon son souhait.

Les murailles du Fort National font partie de la carte postale emblématique de Saint-Malo. Si on a le temps, on peut s’y rend à pied, à marée basse, pour découvrir l’enceinte et les souterrains lors d’une visite guidée. Le bastion assura la protection de la cité malouine à une époque ou les tensions entre la France et l’Angleterre tourmentaient le Roi Soleil. Personnellement, je n’ai pas pris le temps d’y aller mais le l’ai admiré depuis les remparts.

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Les petites plages couchées au pied des remparts offrent une vue sur les îles et les forts voisins. En été, les Malouins viennent se prélasser sur la plage du Môle, tout au sud, agréablement protégée de la brise marine. Elle est délimitée par la longue digue du Môle des Noires, où les femmes de marins disparus, vêtues de noir, venaient guetter en vain le retour de leur mari.

La plage du Sillon est la plus grande et la plus célèbre de Saint-Malo. Sur ses trois kilomètres de sable se hérissent de hauts pieux de bois servant à adoucir la violence de la marée. Lorsque la mer se retire, Malouins et touristes viennent s’y promener. Au loin, les véliplanchistes profitent des jolies vagues sans se soucier de la température glaciale de l’eau.

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Le long de la plage, sur la chaussée du Sillon, se succèdent des hôtels de charme. À la fin du 19e siècle, Saint-Malo devient une station balnéaire de référence. Les bains et les soins de thalassothérapie attirent très vite une clientèle aisée, française et internationale. Aujourd’hui encore, on y vient volontiers pour un séjour de détente, profiter des bienfaits de l’eau.

C’est également une jolie promenade. J’avais un hôtel le long de la plage et la balade jusqu’à la vieille ville offre un très beau spectacle. On admire une fois encore le Fort National, au loin, et on descend volontiers sur la plage pour faire quelques pas dans le sable mouillé.

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INFORMATIONS

S’y rendre: par le TGV jusqu’à Paris, puis Rennes, ensuite en TER jusqu’à Saint-Malo.

Dormir: dans l’intra-muros (Hôtel De France et Chateaubriand***), sur la plage du Sillon (Les Charmettes***) ou près de la gare (Mercure Saint-Malo Balmoral****).

Déguster: dans l’intra-muros, une galette/crêpe au Corps de Garde, niché dans les remparts (rue de la Crosse), des huitres au bar Ô Tapas Breton (rue de l’Orme), de la viande à la brasserie du Lion d’Or, une valeur sûre (place Chateaubriand), un verre dans une décoration atypique à La Java, appelée aussi Le café du coin d’en bas de la rue du bout de la ville d’en face du port (rue Sainte-Barbe), une douceur à l’emporter au Délices du Gouverneur (rue Porcon de la Barbinais).

Catégories : Culture | Europe | France | Les villes | nature
Mots clés : de l'eau | En train | Marée | Mer

5 Commentaires

  1. Marie

    Merci pour ce joli voyage à travers les photos et le joli texte qui nous donne envie de découvrir ou re-découvrir ce merveilleux coin que j’ai adoré et qui ne demande qu’à être à nouveau visité
    Coin de pays magnifique en toutes saisons
    Les photos sont magnifiques
    Merci Camille

    Réponse
  2. Nadia Weber

    Joli article et jolies photos! Ça donne envie d’aller visiter ce coin de la France 🙂

    Réponse
  3. Marion

    Joli article qui donne envie de découvrir ce coin de France ! On va se laisser tenter!

    Réponse

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  1. Au Mont Saint-Michel, où le temps s’arrête – Lève l'encre - […] eu le plaisir fascinant de découvrir cet îlot hors du temps lors de mon passage à Saint-Malo. Depuis la…

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Je m’appelle Camille et je suis touriste professionnelle (entre autres). J’ai créé Lève l’encre en 2017 pour partager le récit de mes voyages à la découverte des paysages de Suisse et d’ailleurs. J’espère te donner envie de voyager, notamment en privilégiant le train – pour la planète, mais aussi parce que c’est une expérience exceptionnelle.

[photo: © Simon Brunet]

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