Le ciel étoilé de Saint-Gall

3 décembre 2019

Décembre est arrivé, et avec lui ce doux parfum de cannelle qui annonce les fêtes. J’ai traversé la Suisse pour recueillir un peu de magie de Noël, mais pas celle qu’on achète – celle qu’on regarde, qu’on admire et qu’on déguste. Au programme: oriels, étoiles, dentelle et mousse.

La semaine dernière, j’ai eu la chance de partir pour la belle ville de Saint-Gall, tout à l’Est de la Suisse. J’étais invitée avec des journalistes et des blogueuses (coucou Avec Panache! et Chic and Swiss) pour un avant-goût de Noël aux effluves de vin chaud.

C’est loin, Saint-Gall. Il m’a fallu un peu plus de trois heures de train pour m’y rendre – mais le trajet est confortable et ne demande aucun changement à partir de Berne. Il y a d’ailleurs des trains directs depuis Genève, Lausanne et Fribourg (entre autres).

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Les derniers jours de novembre ont peint le ciel de gris et la pluie ne tarde pas à tomber. Mais la ville n’en perd pas son charme pour autant. Le centre-ville piéton est petit et ses jolies ruelles sont une attraction en soi. Les maisons à colombage sont pourvues de balcons en encorbellement, assez typiques de la Suisse orientale et de certaines villes allemandes, que l’on appelle également «oriels». Symboles de richesse, ils sont ornés de sculptures et de peintures qui évoquent des contrées lointaines.

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La ville a été fondée par le moine irlandais Gall au 7e siècle et son histoire est étroitement liée à la religion, comme en témoigne le quartier du couvent. On y visite notamment l’impressionnante cathédrale baroque dont l’intérieur vaut absolument une visite! C’est également ici que se trouve la fameuse bibliothèque collégiale, mais elle était malheureusement fermée pour rénovation lors de notre visite (réouverture prévue le 8 décembre).

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Le marché de Saint-Gall est plutôt petit et n’a rien d’exceptionnel. On y retrouve des artisans locaux, mais également des étals dignes de n’importe quel autre marché de Noël. On prend quand même volontiers le temps de s’arrêter pour déguster un vin (rouge, blanc ou rosé) chaud, sur la place centrale.

Tu l’auras compris, on ne se rendra pas à Saint-Gall simplement pour le marché. Mais une autre tradition fait briller la cité pendant les fêtes. Tout au long du mois de décembre, 700 grandes étoiles suspendues illuminent les façades et les ruelles.

Nous avons eu le plaisir de participer à l’inauguration de cet événement, qui a lieu pour la dixième année. En ce jeudi soir, les Saint-Galloises et Saint-Gallois avaient bravé la triste météo pour se retrouver en vieille ville, une tasse de vin chaud à la main, des chants de Noël dans les oreilles et le visage levé vers le ciel. Puis les étoiles ce sont illuminées les unes après les autres, saupoudrant la ville d’un peu de l’esprit de Noël.

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Durant cette période, on peut également participer à des visites guidées du centre-ville. Malheureusement, elles ne se déroulent qu’en allemand. Il faut dire qu’on rencontre très rarement la langue de Molière à Saint-Gall. Mais enfin, ça fait partie du dépaysement non?

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Saint-Gall s’est développée autour de l’industrie du textile. Au Moyen-Âge déjà, la région du lac de Constance produisait du lin servant à la production de tissus exportés dans le monde entier et reconnus pour leur qualité. L’arrivée du coton au 18e siècle bouleverse le game, mais Saint-Gall sait tirer son épingle du jeu. Les artisans développent l’art de la broderie, d’abord à la main puis à la machine. Aujourd’hui, la dentelle de Saint-Gall est encore utilisée dans la haute-couture. On l’a par exemple vue dans la tenue de Michelle Obama lors de la cérémonie d’investiture de Barack en 2009, ou d’Amal Clooney lors de son mariage avec Georges en 2014.

Au musée du textile, on découvre l’histoire de cette industrie et son impact sur la vie des Saint-Galloises et des Saint-Gallois. On peut également y admirer une authentique machine à coudre. Lors de notre passage, nous l’avons vue en action, occupée à broder des petits sapins de Noël.

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Le musée du textile accueille également des expositions temporaires. Jusqu’au 19 janvier, on y découvre une superbe collection de costumes du Knie. Près de 100 pièces datant parfois de près d’un siècle, témoins de l’évolution de la mode dans le domaine du cirque – parallèle à la mode en général. Paillettes, plumes, carreaux et collerettes se mêlent dans un tourbillon de couleurs. À voir!

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Je ne sais pas ce que la gastronomie saint-galloise t’inspire, mais j’avais pour ma part très peu de références. Pour se donner une idée, notons que les Suisses allemands qualifient Saint-Gall de «ville des quatre B»: Bratwurst, Bürli (petit pain), Bier und Biberli.

Avant d’évoquer la longue tradition du brassage, faisons un détour à la confiserie Roggwiller. Dans la vitrine, les larges biberlis minutieusement décorés incitent à pousser la porte du petit magasin familial. On y découvre une vaste sélection de spécialités locales à déguster dans le salon de thé situé dans la pièce suivante. Pour notre part, nous avons rendez-vous avec Martin Schnyder au sous-sol, dans les entrailles de la maison. C’est ici que le confiseur (et directeur de l’entreprise) confectionne les fameux biberlis. Ces biscômes fourrés à la pâte d’amande sont un véritable emblème de Saint-Gall. M. Schnyder nous invite à découvrir son art, sans trop en révéler bien sûr car chaque enseigne a sa propre recette secrète…

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À Saint-Gall, la bière était déjà brassée au Moyen-Âge par les moines vivant dans le couvent. On compte d’ailleurs pas moins de trois brasseries sur le plan original du monastère (qui date du 9e siècle, soit le plus ancien dessin architectural conservé en Occident, et que l’on peut contempler durant 20 secondes lors d’une visite aux archives). Fondée en 1779, Schützengarten est la plus vieille brasserie de Suisse. Si on ne les connaît pas forcément dans nos contrées, ces bières sont largement distribuées dans l’est du pays.

La brasserie Schützengarten se situe non loin du centre-ville. Sur place, on peut par ailleurs visiter le musée de la bouteille de bière (unique en Suisse) et goûter les produits de la maison. Je ne suis pas une experte en bière, mais j’ai trouvé la dégustation intéressante et ai particulièrement apprécié la philosophie de l’entreprise (notamment avec le label Slow Brewing, l’utilisation de matières premières locales et l’alimentation par l’électricité hydraulique).


Informations utiles

Quitte à traverser la Suisse, je te recommande d’en profiter pour visiter la chocolaterie Maestrani. Une expérience digne de Willy Wonka! Tu peux lire mon article à ce sujet dans cette édition du Magazine ATE (p. 40).

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Un grand merci à Gretz Communications à Berne et à l’office du tourisme de Saint-Gall pour l’invitation et l’organisation de ce voyage. Mon article reflète évidemment mon expérience et mon avis personnel.

Catégories : Hiver | Suisse
Mots clés : En train | En ville | Noël

1 Commentaire

  1. Marion

    Bravo pour ton article, ça donne envie de découvrir cette ville!

    Réponse

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Je m’appelle Camille et je suis touriste professionnelle (entre autres). J’ai créé Lève l’encre en 2017 pour partager le récit de mes voyages à la découverte des paysages de Suisse et d’ailleurs. J’espère te donner envie de voyager, notamment en privilégiant le train – pour la planète, mais aussi parce que c’est une expérience exceptionnelle.

[photo: © Simon Brunet]

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