Jeune, dynamique et culturelle: la deuxième ville du Danemark est une super destination à rejoindre en train de nuit! J’ai beaucoup apprécié mon passage par là-bas en novembre dernier. Voici mes recommandations et mes bonnes adresses pour un séjour à la fois tranquille et dépaysant.
Pour l’édition estivale du Magazine ATE, j’avais pour agréable mission de proposer une destination adaptée aux familles et accessible en train de nuit. On a vu plus contraignant, comme consigne. J’adore le train de nuit et tout l’imaginaire qui s’y rapporte. Je crois que c’est définitivement ma façon préférée de voyager. Il y a quelque-chose de magique dans le fait de s’endormir bercé par le mouvement du wagon pour se réveiller ailleurs.
Je me suis basée sur la fameuse carte de l’ATE dont je t’ai parlé ici pour décider de partir finalement vers le Nord. Le train de nuit qui relie Zurich et Hambourg est en effet un très bon point de départ pour explorer la Scandinavie. Je ne te cache pas que les destinations d’Europe de l’Est me font aussi de l’œil, mais ce sera pour une prochaine fois (et je ne parle même pas de la Russie, mon objectif ULTIME).
Breeeef. Six kilomètres d’intro pour dire que c’est pour le Danemark que je me suis finalement décidée. À la célébrissime Copenhague, j’ai préféré sa petite sœur Aarhus. «Deuxième meilleure destination à visiter en Europe» en 2016 (selon le Lonely Planet) et capitale européenne de la culture en 2017, la cité danoise semblait dotée de jolis arguments. Elle se trouve pile au milieu du Danemark, sur la côte est de la péninsule de Jutland.
Dès la sortie de la gare, l’atmosphère me plaît. Il fait frais – normal pour le mois de novembre – mais l’agitation règne. La foule déambule dans l’allée commerciale alors qu’au-dessus d’elle, des hommes perchés sur des échelles accrochent les premières illuminations de Noël. Les enfants sont emmitouflés dans d’épaisses combinaisons de ski qui entravent leurs mouvements. Dans le ciel, les mouettes rient aux éclats. Il est 16 heures et la nuit s’apprête déjà à tomber.
«Tu es là pour le travail ou pour les vacances?», demande Jan, qui me loue son studio. Bof, les deux. Il me recommande deux-trois adresses dans le coin avant de disparaître. J’ai un peu moins de cinq jours pour me frotter à l’atmosphère de cette ville, découvrir ses musées, déambuler dans ses rues et me laisser séduire.
J’ai envie de donner à cet article une orientation plus «city guide», en y regroupant mes recommandations de visite selon six catégories: flâner, visiter, admirer, manger, se poser et dépenser. Beaucoup de blabla mais une carte simple et efficace qui résume tout en fin d’article. J’espère que ça te plaira et te donnera envie de visiter Aarhus en vrai! On y va?
Le centre-ville d’Aarhus est assez petit et presque entièrement piéton. Tout se visite d’ailleurs facilement à pied. Mais le vélo occupe une place importante et bénéficie de pistes cyclables larges et continues qui inspirent forcément le visiteur helvétique (à moins qu’il s’agisse d’une déformation professionnelle). L’automne n’est pas la saison recommandée pour visiter le Danemark – météo fraîche, vent mordant et jours qui raccourcissent –, mais cela n’enlève rien au charme de la ville.
Le quartier latin est le centre névralgique d’Aarhus. Dans ses jolies ruelles, boutiques indépendantes, restaurants branchés, cafés accueillants, ateliers d’artisans et enseignes internationales s’y côtoient dans une ambiance chaleureuse. Sur la place centrale se dresse la cathédrale d’Aarhus, deuxième plus haute du pays, construite il y a plus de 800 ans.
À l’aspect traditionnel de la vieille ville répond une ambiance moderne et artistique. Non loin du port, le quartier Aarhus Ø est en pleine expansion. Grues et machines de construction s’activent pour y ériger des tours ultra-modernes au design épuré. Tout au bord d’une Baltique agitée, les immeubles de l’Isbjerget dessinent un décor futuriste, géométrique et froid.
Aarhus est une ville étudiante et artistique, ce qui lui confère un dynamisme et une énergie particulière. En s’y promenant, on prend volontiers le temps de s’arrêter devant les œuvres de streetart singulières qui colorent ses murs.
À Godsbanen, on pénètre dans l’antre des artistes. Cet ancien espace industriel regroupe aujourd’hui des salles de concerts et de spectacles, des ateliers d’artisans (céramique, couture, poterie, sculpture, métallurgie, travail du bois), des studios et un café-restaurant. À l’extérieur, les artistes ont pris possession de l’espace et y ont construit leurs propres maisons, dans des containers ou des yourtes. En été, l’endroit vaut assurément le détour.
L’art et la culture font partie de l’identité d’Aarhus qui compte de nombreux musées. Parfaite option pour les journées pluvieuses. Parmi le vaste choix, j’ai opté pour les cinq suivants: Den Gamle By, ARoS, Kvindemuseet, Steno Museet et Vikingemuseet.
Gardant à l’esprit mes consignes pour ce voyage, j’ai commencé par visiter Den Gamle By («la vieille ville» en danois), musée en plein air qui doit particulièrement plaire aux enfants. Ce village complètement recréé (ce sont en fait des bâtisses authentiques qui ont été reconstruites ou déplacées au sein du musée) propose une plongée dans l’histoire d’Aarhus en trois étapes: 1864, 1927 et 1974.
Dans ce joli décor, des acteurs et actrices donnent vie à l’histoire et rendent le voyage encore plus réaliste: dans une maison bourgeoise du XIXe, une femme en robe d’époque entretien le feu pendant que son compagnon s’occupe des animaux; deux jardiniers arrosent les herbes aromatiques près des serres; un homme en haut-de-forme traverse les pavés de la place du village; derrière la porte du garage Ford, un mécanicien s’affaire sur un moteur dans une odeur d’huile; dans une échoppe où grésille un tube d’ABBA, le vendeur me montre comment il répare une radio datant du siècle passé, ne manquant pas de rouspéter au passage sur l’obsolescence des appareils modernes. Je suis à deux doigts d’acheter un ou deux vinyles avant que la raison ne l’emporte (je n’ai qu’un sac à dos). Je fais un dernier arrêt au Café Bonnich pour une pause dans un décor authentique avant de quitter le parc.
Den Gamle By est assurément une attraction incontournable d’Aarhus. En plus du véritable spectacle proposé (et il y a beaucoup plus d’animations pendant la haute saison), la visite en soit est passionnante pour avoir un aperçu de la vie à ces différentes époques.
Je n’ai pas tout énuméré, mais on découvre de nombreux corps de métier (on passe notamment chez le chapelier, à la distillerie, dans une maison d’impression, une boulangerie, une librairie, etc.) et il y a différents musées au sein même du parc (musée des montres, des jouets, des affiches/posters, etc).
Avec son auréole arc-en-ciel en verre sur le toit, il figure sur toutes les cartes postales d’Aarhus. Le musée d’art de la ville, ARoS, est également un incontournable. Je ne suis honnêtement pas fan d’art (ou plutôt, je n’y comprends rien et ça ne m’intéresse pas vraiment), mais le bâtiment vaut la peine d’être visité simplement pour son architecture. Inspiré de la Divine Comédie de Dante, il se compose de neuf étages représentant les neuf cercles de l’Enfer. En visitant le musée, on parcourt les salles depuis le sous-sol, traversant différents espaces et différentes expositions qui mènent finalement au Paradis: le fameux couloir arc-en-ciel tout en verre déposé au sommet du bâtiment.
En errant dans les rues d’Aarhus, je suis tombée sur un écriteau simple et efficace à l’entrée du Kvindemuseet. Il disait simplement «Museums are awesome because everyone shuts the fuck up», ce qui m’a convaincue d’y entrer. Mes connaissances en danois se limitant au mot «tak» (merci), le suspense était à son comble quant à la thématique de l’endroit. Il s’agit en fait du musée de la femme – le seul consacré exclusivement aux femmes dans tout le Danemark. Situé dans l’ancien Hôtel de Ville d’Aarhus, il invite à une intéressante réflexion sur le genre et l’égalité, ainsi que sur l’histoire de la lutte féministe (mais aussi LGBT) au Danemark. C’est passionnant, bien expliqué et interactif. À visiter absolument.
Un peu en dehors du centre-ville, du côté de l’université d’Aarhus, se trouve le Steno Museet. Autant j’ai de la peine avec l’art, autant les musées consacrés à la science (et à l’espace, pour celui-ci) me fascinent. Le Steno Museet n’a rien d’attirant depuis l’extérieur; il s’agit d’un froid bâtiment de couleur douteuse, perdu parmi les facultés universitaires. Mais à l’intérieur, il offre une plongée captivante dans l’histoire de la recherche scientifique au Danemark. Ses salles sont spécialement bien pensées et construites. On y découvre ce que font les chercheurs et chercheuses de l’université d’Aarhus, comment le scientifique Jens Christian Skou a obtenu le prix Nobel en 1997, l’histoire et l’évolution de la médecine, l’importance de la recherche, les opportunités et les risques (avec l’exemple du nucléaire), etc. Le musée est super bien fait, il est interactif et propose aux visiteurs et visiteuses de participer à la réflexion, par exemple en votant et en argumentant (pour ou contre le nucléaire, quelles priorités pour la santé dans la politique danoise, dans quelle situation suis-je reconnaissante, etc). Le Steno Museet ne fait pas partie des musées les plus recommandés dans les guides, et on le voit dans le public qui le fréquente (majoritairement danois). La concurrence et sa situation un peu excentrée ne joue assurément pas en sa faveur. C’est dommage.
Enfin, le Vikingemuseet est la visite qui m’a le moins convaincue. Il se trouve au centre-ville, dans une sorte de sous-sol. Personne pour m’y accueillir, juste une borne qui réclame 30 couronnes en guise d’entrée. Dans une salle sombre, on découvre en substance l’histoire des vikings, entre coutumes, religion et mode de vie. Le musée est intéressant mais probablement pas adapté aux enfants et peu interactif en comparaison avec les autres visites mentionnées.
Il n’y pas besoin d’attractions pour qu’une ville ait un intérêt touristique. Se promener dans ses rues, admirer les façades, s’attarder dans les parcs ou les cafés; à Aarhus, j’ai pris le temps de vivre la ville sans courir. Pour un bon coup d’œil, rien de tel que la magie des toits. Depuis le couloir arc-en-ciel d’ARoS, on jouit déjà d’un joli coup d’œil sur Aarhus au travers du filtre psychédélique des baies vitrées colorées. À la Lynfabrikken, la vue est superbe. Sur le toit de cette ancienne usine textile, on déguste un très bon café en admirant la ville dans une ambiance un peu hispter mais plutôt locale.
Photo: © Katoni
Plus touristique et bling-bling, le toit du grand magasin Salling est aménagé pour offrir la meilleure «rooftop experience» possible. On peut y faire une pause au petit restaurant, dans la serre transparente chauffée ou en terrasse confortable (avec bougies sur les tables et plaids sur les chaises). Des chaînes de lampes décorent les balustrades et un soupçon de verdure complète le décor – parfait pour une photo insta réussie.
La gastronomie danoise ne m’a pas particulièrement tentée, je n’aurai donc pas de recommandations pour manger traditionnel à te proposer. Si j’ai passé mon tour pour le hareng et autres plats mijotés, j’ai quand même quelques bonnes adresses à relever. Aarhus offre de nombreuses options pour manger sain, végétarien, local et simplement très bon. Tu retrouves le détail de mes adresses sur la carte en fin d’article.
Mention spéciale pour le Aarhus Streetfood. Un « street food festival » permanent où on trouve plein de spécialités culinaires à prix abordable.
Comme évoqué plus haut, j’ai essayé de profiter de ce séjour assez long (en tout cas pour moi, puisque je passe rarement plus de deux-trois jours dans une ville) pour prendre le temps. J’ai beaucoup marché dans Aarhus et je me suis également souvent arrêtée dans ses jolis cafés. Cette parfaite occupation automnale s’est avérée plutôt agréable: se poser sans regarder l’heure, lire, écrire, traîner sur insta ou juste regarder les gens qui passent en buvant un café… Tu me vois venir, je suis à deux doigts de parler de hygge. Les rues du quartier latin sont spécialement appropriées pour ce vaste programme.
Du côté du port, j’ai bien aimé la bibliothèque du Dokk 1 et son ambiance super accueillante. Le dimanche, étudiants et familles s’y mêlent pour passer un moment studieux ou ludique. Les immenses baies vitrées s’ouvrent sur les flots et les mouettes planent dans les bourrasques automnales.
Je ne suis pas une grande amatrice de shopping, surtout pas en voyage, mais j’ai été un peu trop ambitieuse (à la fois sur le plan minimaliste que météorologique) en faisant mon sac pour ce voyage et j’ai eu besoin d’un pull supplémentaire. J’en a profité pour arpenter les friperies du quartier latin (encore lui!) et y fait quelques jolies découvertes.
Programme flemmard oblige, j’ai aussi eu besoin de faire le plein de lecture. Ce n’était pas gagné, puisque je n’avais pas envie de me faire les contes d’Andersen en VO, mais j’ai eu le grand plaisir de découvrir une super librairie internationale, la GMIBS. Cette véritable caverne d’Ali Baba se trouve dans l’appartement de sa propriétaire, Geneviève Munck, française établie à Aarhus depuis vingt ans et qui a plein d’histoires passionnantes à raconter. Un passage chez elle vaut la peine ne serait-ce que pour la rencontrer 🙂
Toutes les adresses mentionnées
(avec quelques compléments)
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Informations utiles
S’y rendre: avec le train de nuit Zurich-Hambourg, puis le train Hambourg-Aarhus (direct). Long mais confortable, parfait pour admirer les paysages et 5x moins polluant qu’en avion.
Dormir: vise si possible les environs de la vieille-ville, même si tout est assez facilement accessible. Le studio que j’avais faisait l’affaire et n’était pas trop cher en comparaison avec l’offre des hôtels.
Payer: le coût de la vie au Danemark est similaire à la Suisse, n’espère pas y faire des bonnes affaires. On paie en couronne danoise (100 couronnes = environ 15 francs suisses).
Parler et comprendre: le français est peu parlé au Danemark, il faudra te munir de ton plus bel anglais. Dans les musées, les restos, etc. c’est également la langue de Shakespeare qui règne aux côtés du Danois.
Génial ton guide! Je ne connais pas du tout cette ville mais ça donne envie de s’y rendre. Bravo!
Merci Benoit pour ton commentaire et ton passage 🙂
Coucou,
Je vais garder précieusement tes adresses de côté car le Danemark nous fait de l’oeil depuis longtemps. Et j’aimerais trop tester le train de nuit avec les enfants 🙂
Merci pour ton billet qui donne trop envie.
Bisous
Virginie
Salut Virginie, merci beaucoup pour ton passage! Je te recommande vivement le Danemark, et j’espère que le train de nuit plaira aux enfants 🙂
À bientôt
Camille
Merci pour les bonnes adresses! Trop beau, ce musée d’art avec son arc-en-ciel sur le toit!
Bonne journée 🙂
Ouiii 🌈 ☺
Trop bien la carte à la fin qui résume tout! Merci pour cet article très intéressant.
Merci à toi pour ton passage 🙂
Pourquoi pas un arrêt dans cette ville au début de notre Tour du monde 😉
Ca donne envie…
Oh oui, bonne idée☺ Merci d’être passée par là!
Le Danemark fait partie des pays que j’aimerais visiter dans la vie ! Merci pour cet article complet et ces belles photos ! 🙂
C’est vrai que c’est un magnifique pays! J’espère y retourner pour en explorer d’autres endroits. Merci pour ton commentaire 🙂
Merci pour ce très joli article très bien écrit. Je retiens quand même que tu préfères visiter la petite sœur de Copenhague plutôt que ta petite sœur à Copenhague 😏 ☀️😘
Ah non hein, entre temps je suis revenue 2x à Copcop! 😂
Bonjour, je cherchais une destination où je pouvais y aller en train avec mon vélo depuis Lausanne ou Bern. Et j’ai trouvé ce sera Aarhus. Merci pour ce beau compte-rendu.