Morges et l’art de ralentir

27 mars 2022

La région de Morges est un vaste jardin au bord de l’eau. Au-delà des dédales de la jolie ville, nos pas nous guident à travers la campagne vaudoise. Là où poussent des fleurs par milliers, on cultive également l’amour du terroir et un goût pour le «slow tourisme».

Les pieds dans les eaux du Léman, la tête blottie dans les collines du Parc Jura vaudois: sa position privilégiée fait de la région de Morges une destination aux mille facettes. L’été passé, j’ai été invitée par l’office du tourisme pour le Magazine ATE. Je t’avais tout raconté presque en direct sur instagram, mais j’ai pensé que ça valait aussi un article par ici. Le retour des beaux jours te donne peut-être envie de bouger et, pourquoi pas, d’arpenter le plus beau des cantons 😉 Voici donc mes recommandations pour quelques jours à la découverte de Morges et de sa région.

Il y a quelques années, Morges s’est donné l’ambitieux objectif de devenir la première destination «slow tourisme» de Suisse. Derrière l’anglicisme se cache une promesse: ralentir pour mieux profiter. Un éloge de la lenteur, comme antidote au poison du stress quotidien. En plus, Morges est également la première destination de Suisse romande à avoir rejoint le programme «Cause we care» de myclimate. Le concept: lorsque tu réserves ton séjour ou tes activités, tu peux investir une petite somme supplémentaire en faveur du développement durable. Ensuite, Morges Tourisme double la mise en finançant par un montant similaire des projets environnementaux à l’échelle locale. Bref tu t’en doutes, sur le papier, Morges m’a déjà séduite.

En sortant du train, je rejoins le cœur de la ville en quelques enjambées. Ce matin, comme tous les mercredis et les samedis, les stands du marché ont investi la jolie rue piétonne. Sur les étals se côtoient des produits du terroir, des aliments en vrac, des fruits et légumes de toutes les couleurs et de l’artisanat.

Mais je ne traîne pas longtemps par ici, j’ai plutôt envie de voir le lac. Au bord de l’eau, les massifs débordent de fleurs de toutes les couleurs. Je les longe en profitant de la vue sur les montagnes, juste en face.

Je rejoins ainsi le parc de l’Indépendance où fleurissent des milliers de tulipes chaque printemps. Si tu t’y rends prochainement, tu pourras profiter de ce spectacle exceptionnel. Pour l’instant, les feuilles gorgées d’eau se mirent dans les allées inondées du parc. Nous sommes en juillet 2021 et nos lacs débordent après des nuits d’intenses précipitations.

Les diverses floraisons rythment l’année de Morges et lui valent le surnom de «La Coquette». Après les tulipes au printemps, les dahlias orneront le quai Igor Stravinsky cet été et jusqu’en automne. Et partout dans la région, les fleurs attirent des centaines de curieuses et de curieux. C’est justement le cas au château de Vullierens, notre prochaine étape.

Depuis le centre-ville, je prends le bus pour une quinzaine de minutes et marche ensuite jusqu’au portail du Château de Vullierens. J’avais souvent entendu parler de cet endroit mais n’y avais jamais mis les pieds. Quelle erreur! Le château ne se visite pas (il est privé), mais ses somptueux jardins valent absolument le détour. Ici, les iris sont les stars, mais on admire également des tulipes, des roses, des rhododendrons, des lys…

Honnêtement, prévois sans autre une journée entière pour te promener sur le domaine de 30 hectares, arpenter ses neuf jardins thématiques, plonger dans la forêt et admirer l’impressionnante collection de sculptures qui parsème cet écrin de nature.

Dans ce cadre idyllique, on profite de la vue sur les Alpes et le Mont Blanc. Il y a également un petit restaurant avec une très belle terrasse où déguster une cuisine locale et de saison, ainsi que les vins du domaine.

Si tu aimes les châteaux, je te conseille de te rendre également du côté de L’Isle. «C’est un palais, pas un château!», me précise le guide sur place. La différence, c’est que l’édifice n’avait aucune vocation militaire. Il a été construit en 1696 selon les plans de Jules Hardouint Mansard, l’architecte de Louis XIV – ce qui lui vaut le surnom de «petit Versailles».

Le palais abrite aujourd’hui l’école et l’administration communale. Il se visite sur réservation, mais tu peux aussi te contenter dans profiter de son vaste parc et d’admirer la Venoge qui somnole à ses pieds.

La gastronomie est une savoureuse porte d’entrée dans la philosophie du slow tourisme; on découvre une destination au travers de produits qui racontent son histoire, sa culture et son paysage.

J’ai commencé par la visite du Moulin de Sévery, ou j’ai été accueillie par l’odeur de l’huile pressée à l’ancienne et par un artisan dont je n’ai malheureusement pas noté le nom. Il m’a expliqué en détail le processus de fabrication de l’huile d’amande, démonstration à l’appui. Sur sa recommandation, je suis repartie avec de l’huile de noisette et, wow, quelle excellente découverte.

Le moulin-huilerie de Sévery perpétue un savoir-faire ancestral depuis six générations. On y produit des huiles artisanales, des moutardes aromatisées et des vinaigres pulpeux. Tu as peut-être déjà vu leurs jolies étiquettes sur les étals de ton magasin préféré, car les produits sont exportés loin à la ronde.

Je quitte le petit village de Sévery pour rejoindre Echichens. Par la fenêtre du bus, j’admire le paysage qui ressemble un peu à la maison. Il y a de vastes champs cultivés, des forêts mystérieuses et des villages dont j’ai déjà vu les noms peints en grand sur des roulottes de jeunesses.

Au domaine Henri Cruchon aussi, l’amour du terroir est une histoire de famille. Dans le joli carnotzet de la cave, je déguste quelques-uns des seize cépages de la maison. Catherine Cruchon me raconte l’histoire du domaine créé par son grand-papa, l’amour de la nature et le choix de la biodynamie, méthode qui proscrit toute utilisation de produit chimique, d’herbicide et d’engrais de synthèse. Chez les Cruchon, la nouvelle génération est entièrement féminine. En clin d’œil, elles ont lancé la gamme «Les filles vinifient» avec quatre vins naturels dont les étiquettes sont l’œuvre de l’artiste morgienne Kim Strahler.

J’en avais parlé dans mon article sur Yverdon, mais je remarque que ça fait toujours sourire lorsque je dis partir en voyage de presse à deux pas de la maison. Et pourtant, j’adore ça. C’est l’occasion de voir le monde avec des yeux de touriste mais également de découvrir des endroits dont j’ai entendu parler mais que je n’ai jamais visités. C’est le cas de la Fondation Michalski, à Montricher.

Sur les hauts du village, un enchevêtrement de bâtiments cubiques lovés sous un étrange auvent blanc détonne dans le décor verdoyant. La fondation Michalski a été créée en 2004 dans le but de favoriser la création littéraire et d’encourager le goût de lire. Le complexe comporte un auditoire et une salle d’exposition où, jusqu’en juillet, tu peux en savoir plus sur l’œuvre de l’artiste bernois Markus Raetz au travers de l’expo «Le reflet des mots».

Le complexe compte également des résidences d’écrivain·es et une impressionnante bibliothèque. Dans ses rayons, plus de 80’000 ouvrages de la littérature moderne et contemporaine attendent les curieuses et les curieux.

La fondation Michalski est à l’image de la région de Morges; un havre de tranquillité où il fait bon s’arrêter le temps de contempler la nature, le lac et les montagnes. Je n’ai pas eu la meilleure météo en juillet dernier, mais cela n’enlève rien au charme de ces paysages vaudois et au plaisir de ce véritable éloge de la lenteur.


Informations utiles

C’était un long article, car j’ai eu la chance de voir beaucoup d’endroits très cool. Voici donc une carte ci-dessous pour t’y retrouver. Je te conseille de compter un long week-end pour bien prendre le temps de visiter la région de Morges. Tout est facilement accessible en TP et cela vaut vraiment la peine de t’aventurer au-delà du centre ville.

J’ai dormi à la Maison d’Igor, non loin du centre-ville de Morges. C’est un hôtel de charme dans une très belle bâtisse où vécut le compositeur russe Igor Stravinsky. Très bon resto italien et un magnifique jardin.


👀 Plus d’informations sur le slow tourisme et sur la destination.
🌷 Jusqu’au 8 mai, c’est la Fête de la Tulipe!
🌍 Au sujet du programme «Cause we care» de myclimate.


Un grand merci à Morges Région, Vaud Promotion et Gretz Communication pour l’invitation. Cet article est le reflet de mon expérience et de mon avis personnel. Ce voyage fera également l’objet d’un article dans le Magazine ATE.

Mots clés : En ville | suisse romande | Vaud

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Bienvenue à bord

Je m’appelle Camille et je suis touriste professionnelle (entre autres). J’ai créé Lève l’encre en 2017 pour partager le récit de mes voyages à la découverte des paysages de Suisse et d’ailleurs. J’espère te donner envie de voyager, notamment en privilégiant le train – pour la planète, mais aussi parce que c’est une expérience exceptionnelle.

[photo: © Simon Brunet]

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