Marseille: une bouffée d’air et un rayon de soleil

6 mars 2022

Je me suis offert une avance sur le printemps: quelques jours à Marseille, la ville la plus ancienne et la plus ensoleillée de France. Juste le temps d’arpenter ses rues éblouissantes, de longer le Vieux Port puis de grimper m’extasier de la vue depuis la Bonne Mère.

Les mois se suivent à une allure inébriante, le schéma se répète, les vagues s’enchaînent. Lorsque j’atteins le sommet vertigineux de l’une d’elles, je contemple l’immensité du vide qui suivra et, toujours, je fuis. Cette fois, le soleil serait forcément un bon remède et c’est vers le sud de la France que je suis allée le chercher.

En quelques heures, le train serpente dans une végétation qui change, fait étape dans des petites villes endormies, enjambe de rivières, longe des forêts et s’arrête finalement à la gare St-Charles, au cœur de Marseille. La main en visière, je contemple l’effervescence citadine qui bouillonne au pied des colossaux escaliers de marbre, devant le parvis de la gare. La cité phocéenne est immense, c’est la deuxième ville de France avec plus de 860’000 habitant∙es. À tous les coins de rues, les vélos et les trottinettes électriques gisent sur les trottoirs où la foule déambule en les contournant. Il ne fait pas si chaud en ce début d’aprèm, le Mistral s’empresse de calmer les ardeurs.

Je marche le long de l’artère principale en humant les odeurs de la ville à travers mon masque. Je n’ai pas vérifié les restrictions sanitaires avant de partir et, dans la rue, aucune tendance ne se dégage suffisamment pour me convaincre. Peu importe, je le garde. Je me rendrai d’ailleurs compte ensuite que je me sens plus à l’aise masquée et continuerai de le porter. Rien à voir avec le covid, c’est juste que le masque m’offre une protection (un sentiment de protection?) qui, en tant que voyageuse solo dans une grande ville inconnue, est agréable et rassurante. Il faut dire que depuis la pandémie, j’ai eu peu d’occasions de revivre ces situations et mon expérience à Toulouse l’été passé a été particulièrement difficile – mais j’en parlerai peut-être dans l’article dédié à cette ville.

Je raconte trop ma vie, nous voici déjà sur l’esplanade du Vieux Port. Centre touristique de Marseille, l’endroit séduira les agoraphiles par sa grande place remplie de monde et ses terrasses ensoleillées. Le samedi matin, le marché aux fleurs emplit l’atmosphère de couleurs, d’odeurs et de bonne humeur. Juste à côté, les étals de poissons sentent la mort et la mer, les vendeur∙ses crient le prix de la rascasse qui frétille en pensant à son destin en forme de bouillabaisse.

Les enfants courent après de grosses bulles de savon. Elles éclatent avec leurs rires sous l’œil bienveillant de la Basilique Notre-Dame-de-la-Garde. Quelques mètres plus loin, des drapeaux et des pancartes appellent à la paix en Europe et me rappellent qu’un train suffit rarement à fuir la réalité d’une actualité anxiogène.

Je m’étais assez peu renseignée sur Marseille avant de partir, parce que j’aime les surprises. Je savais cependant qu’il y avait deux ou trois jolis quartiers à découvrir au-delà du Vieux Port. J’ai commencé par le Panier, un peu par hasard, et j’ai adoré. Le plus vieux quartier de Marseille a été un vrai coup de cœur, si bien que je suis retournée chaque jour me perdre dans ses ruelles lumineuses et étroites, grimper et descendre ses escaliers fleuris et traîner devant les boutiques artisanales ou sur la terrasse des jolis cafés.

Dans le quartier du Panier, on peut visiter la Vieille Charité, monument historique multiculturel dont l’accès est gratuit. Au centre de la vaste cour trône une chapelle affublée d’un impressionnant porche à colonnes corinthiennes. Tout autour de l’édifice courent trois étages d’arcades géométriques qui abritent des musées et des instituts de recherche.

Depuis le Panier, je descends vers la mer en m’arrêtant en chemin pour admirer la cathédrale de la Major. L’édifice religieux a été construit au 19e siècle et, si comme moi tu n’y connais rien en architecture religieuse, sache que c’est important de le mentionner car cela faisait plus de 200 ans qu’aucune cathédrale n’avait été édifiée. Son style romano-byzantin exploite le contraste du noir et du blanc comme sa concitoyenne la Basilique Notre-Dame-de-la-Garde. Mais je me réserve cette visite pour demain!

La descente se poursuit en direction de l’eau alors que le vent forcit et le soleil baisse. Avec beaucoup d’efforts, yeux plissés et cheveux ébouriffés, j’arrive au pied du MUCEM. Situé entre la cathédrale et le Fort Saint-Jean, monument historique datant du 12e siècle, le musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée tranche par son architecture moderne. Inauguré en 2013, c’est l’un des musées les plus visités de Marseille.

Je le dépasse pour rejoindre le rivage et contempler les vagues, plutôt coléreuses en cette fin de journée. À l’horizon, d’immenses bateaux de croisière me rappellent que ma première visite de la cité phocéenne remonte à une autre vie dans laquelle je travaillais pour une agence de voyage spécialisée dans les croisières (si si, je te jure).

Perchée sur sa colline, la basilique Notre‑Dame de la Garde est l’emblème de Marseille. Je pensais d’abord y monter pour contempler le coucher du soleil, mais j’ai finalement opté pour le lever, certainement moins fréquenté. J’aime la magie et la douceur du matin.

Quand je quitte l’auberge sur la pointe des pieds, Marseille est différente. Dans les premières lueurs du jour, les effluves de la nuit festive se mêlent à la valse bruyante des balayeuses. Je rate le bus – il fallait lui faire signe pour qu’il s’arrête, comme dans nos plus petits patelins! – mais j’attends le suivant par flemme d’escalader les deux kilomètres qui mènent à la basilique.

Par acquis de conscience, je descends tout de même un arrêt avant le sommet et finis par quelques escaliers revigorants. D’ici, la basilique est déjà impressionnante et je dois encore lever la tête pour apercevoir la vierge qui surplombe l’édifice. La statue dorée fait plus de 11 mètres de haut et son intérieur creux abrite un escalier (fermé au public – quelle arnaque!).

Sur le parvis de la basilique, je contemple Marseille qui s’étend tout autour et prends la mesure de sa surface. Le soleil qui se lève caresse les façades de ses rayons orangés, il se mire dans les milliers de fenêtres minuscules et fait scintiller la surface de la mer. Le tableau est apaisant. Au sommet de sa colline, la Bonne Mère veille sur les marins, les pêcheurs et les Marseillais∙es.

L’intérieur de la basilique vaut une rapide visite, on y admire une succession d’arcades richement décorées et de nombreux ex-voto sous la forme de maquettes de navires, de tableaux et d’objets marins.

Simplement marcher dans Marseille est déjà la promesse de belles découvertes. Pour éviter d’allonger encore cet article déjà bien complet, voici une rapide énumération des endroits que j’ai visités:

Le Vallon des Auffes

Depuis le Vieux-Port, j’ai marché le long de la mer en direction du sud pour profiter du soleil. C’est une très jolie promenade avec vue sur l’archipel du Frioul.

Après un peu plus de deux kilomètres, on atteint un pont sous les arcades duquel se trouve le Vallon des Auffes. Loin de l’agitation du centre-ville, le petit village provençal de pêcheurs dégage une ambiance pittoresque super accueillante.

Le Cours julien

Au centre-ville, à quelques enjambées du Vieux-Port, ce quartier alternatif vaut absolument une visite. C’est le coin des artistes, comme en témoignent les façades couvertes de tags et l’ambiance animée qui y règne. J’ai beaucoup apprécié de m’y promener mais je n’aurais pas choisi ce quartier pour dormir (juste au feeling, rien de spécial à mentionner).

Le Palais Longchamp

Loin du bord de mer, plutôt du côté de la gare, je suis allée voir le Palais Longchamp. Le «château d’eau de Marseille» est un impressionnant édifice construit au 19e pour acheminer l’eau en ville suite à une épidémie de choléra. Il est composé d’une immense fontaine centrale entourée d’escaliers majestueux. Dans le palais, on peut visiter le musée des Beaux-Arts et le muséum d’histoire naturelle.

L’office du tourisme me vantait le jardin qui s’étend derrière le palais et j’avais hâte de découvrir la tache verte que m’indiquait la carte de la ville. Sur place, je m’aperçois que le parc est malheureusement plus bétonné qu’herbeux. Mais c’est tout de même agréable de s’y promener, loin du bruit de la circulation. C’est l’emplacement de l’ancien zoo de Marseille. Certaines cages ont été conservées et accueillent des sculptures d’animaux.

L’Estaque

Je voulais absolument visiter l’Estaque, le village des peintres situé à une dizaine de kilomètres au nord du centre-ville marseillais. «Des toits rouges sur une mer bleue», résumait Cézanne. Le programme était tentant mais arrivée sur place, j’ai été plutôt déçue. Certes, le quartier est plutôt pittoresque avec ses façades pastel et son petit port, mais pourquoi tant de voitures?

Pour un si court à séjour à Marseille, je ne conseille pas forcément de visiter l’Estaque. Quitte à s’éloigner du centre-ville, autant que ça en vaille la peine: rendez-vous dans le prochain article pour s’échapper dans les calanques, à la découverte de paysages à couper le souffle.


Informations utiles

🌞 S’y rendre: en TGV depuis Genève en passant par Lyon.
🌞 Dormir: j’ai séjourné à l’auberge de jeunesse The People Marseille et je te la recommande à 100%. J’ai adoré l’ambiance et la déco. Le staff et les gens sont très sympa et tu peux avoir une chambre individuelle si la vie en communauté ne te dit pas vraiment.

Catégories : Citybreak | Europe | France | Printemps
Mots clés : En train | En ville

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Bienvenue à bord

Je m’appelle Camille et je suis touriste professionnelle (entre autres). J’ai créé Lève l’encre en 2017 pour partager le récit de mes voyages à la découverte des paysages de Suisse et d’ailleurs. J’espère te donner envie de voyager, notamment en privilégiant le train – pour la planète, mais aussi parce que c’est une expérience exceptionnelle.

[photo: © Simon Brunet]

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