Quelques jours à Rapperswil

4 juillet 2022

Pour moi c’est plutôt Estavayer-le-Lac et pour toi c’est peut-être une autre ville, mais pour nos ami∙es suisses-allemand∙es, le surnom de «Cité des roses» fait généralement référence à Rapperswil. Placée sur le tracé du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, la petite cité saint-galloise cultive le sens de l’accueil depuis des centaines d’années.

En sautant du train pour atterrir à pieds joints sur le quai de la petite gare de Rapperswill, je note en quelques minutes que les façades historiques sont magnifiques, que le vert de la nature pointe son nez partout où il peut et qu’il y a une roller-disco en bas de mon hôtel. Ça commence plutôt bien.

Lovée sur les rivages du lac de Zurich, Rapperswil recèle de bien jolis trésors. Je n’aurais jamais pensé y venir mais disons que le destin m’y a contrainte (oui, ma vie est difficile); mon groupe préféré de toute la vie jouant au festival Rock the Ring, il me fallait un pied-à-terre où rentrer au milieu de la nuit, des étoiles dans les yeux et l’envie de tout quitter pour suivre leur tourbus au bout du monde.

J’en a profité pour prendre quelques jours sur place et découvrir la jolie ville saint-galloise. Son centre historique constitue le cœur de la visite et s’étend jusque tout au bord du lac. Le charme assez typique des localités suisses-allemandes distille un parfum de vacances bienvenu.

Le vrai point central de Rapperswil est son château. Perché au sommet d’une colline, il veille sur les ruelles de la vieille ville qui ruissellent de ses remparts jusqu’au lac, s’encoublant sur des places pavées bordées de terrasses. Il fait très chaud, le monde traîne dehors. La canicule précoce parfume l’air d’une fragrance qui oscille entre «été» et «panique» et pèse sur les gros nuages pastel qui flottent au-dessus de nos têtes comme des dirigeables paresseux.

En m’aventurant près du château et de l’église paroissiale Saint-Jean, je m’émerveille de l’explosion de couleurs des fleurs qui contrastent avec les murs de pierre grise. En toute fin de journée, je profite de la lumière somptueuse qui réchauffe le décor et fait scintiller le lac. En contre-bas, j’aperçois quelques baigneurs et baigneuses qui profitent de la fraîcheur de l’eau. Lorsque j’y reviens en journée, l’ambiance a complètement changé mais le charme perdure.

Je poursuis ma promenade sur l’esplanade du château où quelques personnes partagent une bière en profitant du coucher de soleil. Je descends ensuite dans les quelques vignes qui verdissent la colline.

Là, un haut portail éveille ma curiosité. Je m’y engouffre pour découvrir le jardin des roses et son kaléidoscope de couleurs et de senteurs. En plus de celles qui ornent son blason, Rapperswil déploie ses magnifiques fleurs dans trois roseraies de part et d’autre de la ville.

Rapperswil est connue pour son ponton de bois – le plus long de Suisse. Il traverse le lac de Zurich à son endroit le plus resserré et permet une jolie promenade pour rejoindre la rive opposée.

Après avoir dépassé la mini-chapelle (Heilig Hüsli), on longe notamment une petite île où nichent des centaines d’oiseaux et de canards. Au petit matin, j’y profite d’une fraîcheur toute douce en regardant les foulques adolescentes qui barbotent, encombrées par leurs grandes pattes palmées aux allures de squelette.

En fin de journée, c’est plutôt du côté du lido que je suis allée m’aventurer. Au bord de l’eau, je contemple les Alpes glaronaises et la savante broderie de verts qui orne leurs pâturages.

Partout sur la plage, les gens s’activent. Un groupe de filles rejoint le coin d’herbe ou j’ai élu domicile, y déroule des tapis multicolores avant d’entamer un cours d’abdos-fessiers. J’écoute les consignes dans le dialecte chantant de la région en regardant des kayakistes s’éloigner du rivage après avoir abandonné leurs claquettes sur le ponton. Deux équipes s’affrontent au kayak-polo pendant qu’un groupe de trentenaire joue au ping-pong, les pieds dans le sable. Et au milieu de cette agitation fiévreuse, comme sur toute plage qui se respecte, un connard donne du pain au canard, discipline pourtant depuis longtemps raccrochée dans le placard des «trucs qu’on croyait cool mais qui sont en fait nuisibles pour la faune et la flore».

Comme j’avais le temps, j’ai pris une demi-journée pour découvrir le musée Enea, non loin de Rapperswil. Sur plus de 75 000 m², ce musée-sanctuaire en plein air créé par l’architecte paysager Enzo Enea est dédié à ses deux passions: l’art et les arbres. Le vaste parc renferme une cinquantaine d’arbres dont les formes et les couleurs se marient avec une vaste exposition d’œuvres d’art et de sculptures contemporaines.

J’ai beaucoup aimé cet endroit, parenthèse de verdure où s’arrêter quelques instants. Petit bonus pour les adeptes de seconde-main: il y a une Brocki juste à côté! Une bonne raison de rater le bus du retour.

Je retrouve Rapperswil quelques heures plus tard et c’est encore au bord de l’eau que je choisis de regarder le jour s’éteindre. Lorsque le soleil mourant jette ses derniers rayons sur les montagnes et sur le lac, le décor est tout simplement magique.


Infos utiles

🌹 Accès: Rapperswil est très facilement accessible en transports publics depuis toute la Suisse. On s’y déplace volontiers à pied, le centre-ville n’étant pas très grand.
🌹 Hébergement: J’ai dormi au Moxy Rapperswil, pas trop loin du centre-ville et de la gare. Jolie déco, personnel hyper sympa et bon rapport qualité-prix.
🌹 Musée Enea: Le musée-sanctuaire se trouve à une dizaine de minutes en bus du centre-ville (arrêt Jona, Buechstrasse West puis 2 minutes de marche). Si tu as vraiment le temps, tu peux t’y rendre à pied en un peu moins d’une heure par les jolis chemins pédestres qui fourmillent autour de Rapperswil et Jona.

2 Commentaires

  1. Pierre

    Merci pour ce bel article. Les photos sont superbes !

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  2. Léonore

    Je ne connais pas du tout Rapperswill, ça a l’air très joli en été ! ☺️

    Réponse

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Je m’appelle Camille et je suis touriste professionnelle (entre autres). J’ai créé Lève l’encre en 2017 pour partager le récit de mes voyages à la découverte des paysages de Suisse et d’ailleurs. J’espère te donner envie de voyager, notamment en privilégiant le train – pour la planète, mais aussi parce que c’est une expérience exceptionnelle.

[photo: © Simon Brunet]

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