Le suffixe le suggère sans grand suspens: le Gantrischseeli est un lac aussi petit qu’adorable. Lové entre les sommets du parc naturel du Gantrisch, ce très beau coin de paysage est à la portée des baskets même les moins entraînées.
Je fais une pause au milieu de l’épopée en Transylvanie pour ramener un petit bout de Suisse par ici. Pour la première sortie de l’année, j’ai jeté mon dévolu sur le parc naturel du Gantrisch: pas très loin de la maison, facilement atteignable en transports publics et toujours époustouflant par son décor. Comme d’habitude, je cherchais un joli lac à découvrir et celui-ci ne m’a pas déçue.
Je prends le train jusqu’à Berne, où un autre convoi m’embarque pour Thurnen. Un haut silo Landi, des maisons à colombages et une grappe de panneaux jaunes de randonnée pédestre m’accueillent à la gare où je monte aussitôt dans un Car postal en direction de Schwarzenburg. Le véhicule presque vide s’élance vers les collines, engloutissant le long ruban de route qui serpente entre les arbres. Au sommet, nous passons de l’autre côté et profitons de la vue sur le lac de Thoune. Le ciel de nacre ne laisse aucune chance au soleil et baigne l’atmosphère d’une clarté voilée.
Je sors au milieu d’un lacet, laisse le car jaune disparaître entre les sapins et savoure un instant le silence de la montagne. Bien indiqué, le chemin grimpe tout de suite en direction du Gantrisch. Je suis les panneaux jaunes et perçois le bruissement d’un ruisseau.
L’eau chantonne en dévalant la pente raide. Elle caresse les cailloux, se sépare en trois brins pour se réunir juste après dans une tresse torrentielle. La route monte en zigzagant, dévoilant une jolie vue sur le parc naturel.
Je ne sais pas s’il y aura des randonnées enneigées cet hiver, de celles qui donnent à la Suisse des airs de carte postale et font se demander s’il faut mettre les raquettes ou non. Je crois que je préfère ne pas trop y penser. Pour l’heure, janvier vient de pointer le bout de son nez et les versants escarpés sont tout juste parsemés de quelques pétales blanc.
Après une vingtaine de minutes, j’atteins la Birehütte, une ferme d’alpage idéale en été pour faire une pause et acheter du fromage fabriqué sur place. Pour l’heure, la bâtisse en bois profite d’une calme hibernation et de toute façon, c’est veganuary.
Je la dépasse sans la réveiller et, juste derrière, aperçois la surface du Gantrischseeli. D’ici, le décor est splendide. Le Gantrisch veille, son contour froid se détache sur le ciel blanc. À ses pieds, le lac se fait discret, protégé par une armée de sapins au garde-à-vous.
Je dévale les pâturages humides pour rejoindre les berges. Une partie de la surface est gelée, l’autre est parcourue d’un frisson – un vent léger s’est levé. Je m’approche de l’eau translucide et peu profonde pour contempler de plus près le paysage. Sur le rivage d’en face, un randonneur solitaire dépose une touche de rouge dans un paysage vert, gris et blanc.
Le lac est petit mais j’en fais le tour en traînant pour profiter de chaque recoin. En été, l’endroit est prisé pour des sorties en famille avec baignade, grillades et autres galéjades. L’hiver, il se transforme en un sanctuaire pratiquement silencieux.
Au sol chuintent nos pas dans la terre gorgée d’eau. Dans le ciel pépie le chant d’un oiseau non identifié. Et juste au milieu de cette discrète symphonie, le lac brille comme un joyau dans lequel se mire la montagne immobile.
Informations utiles
🧊 Accès: jusqu’à Berne et ensuite Thurnen en train, puis monter dans le Car postal 323 direction Schwarzenburg et descendre à l’arrêt «Gurnigel, Gantrischhütte».
🧊 Itinéraire: suivre les panneaux jaunes «Gantrischseeli».
🧊 Durée: depuis l’arrêt de bus, compter une petite demi-heure de montée jusqu’au lac.
🧊 Difficulté: facile, convient aussi avec des enfants.
J’aime beaucoup l’ambiance dans ces photos, bravo 🙂