YOALIN: 9 jours, 30 trains et 4 pays alpins

29 juillet 2018

Si tu me suis sur l’Instagram, tu auras constaté que j’étais en voyage dans les Alpes. J’ai eu la chance d’être sélectionnée pour le projet «Youth Alpine Interrail» et de partir à l’assaut de paysages sublimes, de la Suisse à la Slovénie, en passant par l’Italie et l’Autriche. Un voyage magnifique dont voici un aperçu.

J’ai eu l’info par le biais d’un communiqué de presse, reçu sur mon mail pro. La CIPRA (Commission internationale pour la protection des Alpes) lançait au début du printemps le projet «Youth Alpine Interrail» dans le but de promouvoir le voyage durable dans les Alpes. L’idée: permettre à 100 jeunes (entre 16 et 27 ans) résidant dans la région des Alpes de bénéficier d’un pass Interrail à prix réduit en vue d’un voyage dans cette région durant l’été 2018, et en échange de quelques photos sur les réseaux sociaux.

J’ai aussitôt envoyé ma candidature, en improvisant un itinéraire qui me permettrait de découvrir les Alpes sur un thème que j’aime: l’eau. Quelques semaines plus tard, la confirmation est arrivée: mon projet a su convaincre l’équipe YOALIN et j’ai reçu mon pass Interrail pour 50 euros au lieu de 255. C’est partiii!

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Un peu d’organisation

Une fois que j’ai su que j’étais sélectionnée pour l’aventure YOALIN, j’ai commencé à préparer plus sérieusement mon voyage. Il faut dire que j’avais plutôt improvisé mon programme pour la candidature, il fallait maintenant aller dans les détails de mon itinéraire « au fil de l’eau ».

J’ai commencé par sélectionner les lieux que j’avais envie de voir dans la région des Alpes. Pour cela, j’ai parcouru les sites des offices du tourisme des pays et des régions (toujours avec le focus sur l’eau) et je me suis évidemment aidée de l’ami Instagram pour repérer les endroits qui me semblaient valoir le détour (j’ai trouvé plein d’inspiration avec le hashtag bealpine par exemple). En plus de cela, nous avions un groupe Facebook avec les 99 autres voyageurs et une carte en commun où chacun pouvait noter les points d’intérêts de sa région. Je me suis vite aperçue qu’il serait plus judicieux de prendre en compte les liaisons ferroviaires dès le début de l’organisation. C’est tout de même le point central du voyage, et on a parfois des surprises sur la durée des trajets!

J’ai prévu de partir un vendredi et de revenir durant le week-end suivant. La veille de mon départ, j’avais planifié et réservé les hébergements jusqu’au mercredi. Pour la suite, on verrait sur place, selon l’expérience des premiers jours. Voici finalement le programme que j’ai suivi durant ces neuf jours (tout est résumé sur une carte à la fin de l’article).


Jour 1 🇨🇭

Départ pour le Valais jusqu’à Sion où je prends le bus qui me dépose au pied du barrage de la Grande Dixence. Quelques heures sur cet immense ouvrage me permettent de profiter d’un coup d’œil sur la vallée ensoleillée et sur ce lac si calme.

De retour à Sion, je parcours le Valais au fil du Rhône jusqu’à Brig, où j’embarque dans le Glacier Express pour une superbe montée panoramique. Depuis Andermatt, direction le Tessin. J’arriverai à Bellinzone en soirée pour poser mon sac le temps d’une nuit.

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Jour 2 🇨🇭 – 🇮🇹

Levée aux aurores, je prends le train pour Tenero où le car postal me conduit dans le Val Verzasca. Avant l’arrivée de la foule, je découvre les eaux sauvages qui serpentent dans la vallée, dévalent des cascades et marquent les pierres de leur passage. Le soleil guigne derrière la montagne. J’ose un orteil dans l’eau, mais la température est bien fraîche.

J’embarque pour l’Italie dans un train bondé. Debout, j’entrevois par la fenêtre la surface imperturbable du lac de Lugano. Le train passe la frontière, traverse Milan et me dépose à Vérone.  Je repars vers le nord pour atteindre Brunico/Bruneck, dans le Tyrol du Sud. Je resterai deux nuits dans ce décor de carte postale alpine, où les balcons débordent de géraniums et l’herbe est plus verte que dans la Comté (en Terre du Milieu, oui).


Jour 3 🇮🇹

Je pars à l’assaut des Dolomites depuis Villabassa, à une dizaine de minutes en train. Une jolie randonnée d’un peu plus de deux heures me permet d’atteindre l’objectif du jour: le lac sauvage de Prags (Lago di Braies/Pragser Wildsee), à 1500 mètres d’altitude. Un décor absolument incroyable et une eau d’une couleur unique. C’est vraiment le coup de cœur de mon voyage. Deux heures supplémentaires pour faire le tour et tenter une nouvelle baignade, mais la morsure de l’eau glaciale est trop violente.

Pour la descente, j’opte pour le bus et rentre à Brunico en toute fin de journée. J’en profite pour visiter cette petite ville et son centre historique très joli. Le Tyrol du Sud est une région étonnante, avec son drôle de mélange entre l’allemand et l’italien. Mais c’est surtout magnifique.


Jour 4 🇮🇹 – 🇸🇮

Embarquement pour la Slovénie, en faisant un crochet par l’Autriche. Un peu plus de six heures de voyage pour atteindre la petite ville de Bled, dans le parc national du Triglav. Je découvre son lac emblématique, qui accueille la seule île du pays. On en fait le tour en une bonne heure, à laquelle j’ajoute un crochet dans la montagne pour trouver un superbe point de vue (découvert grâce au super blog Slovénie Secrète). Je m’arrête pour contempler les œuvres d’un peintre avec qui j’échange deux mots. Je lui achète une petite reproduction de ce paysage unique et il m’offre un « portrait-minute » plus ou moins ressemblant 🙂

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Jour 5 🇸🇮

La grasse matinée n’est décidément pas au programme de ces vacances! Je pars à pied direction les Gorges de Vintgar, à un peu plus d’une heure de marche, pour y arriver à l’ouverture. On les traverse «de haut en bas», grâce à un sentier aménagé avec plusieurs passerelles. Une fois de plus, le décor est magique et tellement paisible. Et cette eau!

L’après-midi sera tranquille, autour du lac. Je profite de la plage pour finir mon livre avant de louer un paddle et m’approcher de la petite île de Bled.


Jour 6 🇸🇮

Au sud de Bled se trouve le lac de Bohinj, le plus grand du pays. J’aurais voulu le longer pour aller découvrir la cascade Slavica, un peu plus loin dans la forêt, mais je n’aurai malheureusement pas le temps pour cela.

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J’ai changé mon programme à la dernière minute et me rends à Ljubljana en fin de journée. J’ai prévu de prendre le train de nuit jusqu’à Salzbourg, puis d’atteindre Hallstatt au petit matin. J’aurais pu, depuis le lac de Bohinj, me rendre à Jesenice, tout au nord de la Slovénie, et y prendre le train de nuit à 1h du matin. Mais j’aurais dû attendre plus de trois heures dans cette gare que j’ai déjà visitée à l’aller et qui ne m’a pas vraiment séduite. Jesenice est une petite ville industrielle qui s’est développée grâce à l’exploitation de l’acier. Concrètement, il n’y a rien à y faire un mercredi soir vers 22h. Je préfère donc me fondre dans la foule bouillonnante de Ljubljana, accueillante et animée.

À minuit, la pluie commence à tomber et le haut-parleur de la gare nous annonce que le train aura une vingtaine de minutes de retard. Le flot de passagers est trop nombreux, il faudra ajouter un wagon avant de quitter Ljubljana peu avant 1h.


Jour 7 🇦🇹

J’arrive à Salzbourg vers 4h et deux autres trains m’emmènent jusqu’au lac d’Hallstatt. Je le traverse en bateau pour atteindre la petite ville autrichienne mythique et TRÈS touristique. C’est joli, vraiment, mais c’est un peu Disneyland. J’ai trouvé que l’endroit manquait d’authenticité et surtout, qu’on ressentait la lassitude des locaux face à l’afflux de touristes.

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Il n’est même pas midi lorsque je pars pour ma dernière destination, Zell am See, au pied des sommets du parc national des Hohe Tauern. Une petite ville touristique qui ne m’a pas spécialement séduite.

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Jour 8 🇦🇹

Je quitte Zell am See le temps d’une journée pour monter au sommet du Kitzsteinhorn, à 3029 mètres d’altitude. L’occasion de toucher la neige et de profiter d’un coup d’œil sublime sur les montagnes environnantes. Vert, gris, blanc, bleu,… le cadre est unique.

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Jour 9 🇦🇹 – 🇨🇭

C’est fini! Embarquement au petit matin pour la Suisse. L’itinéraire durera 7h30 en tout: Zell am See – Wörgl – Zürich – Berne – maison.

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Bilan et réflexion

J’écris cet article alors que je suis à peine rentrée, profitant que ce soit encore «frais». Pendant cette longue semaine de voyage, j’ai parcouru plus de 2500 kilomètres en train, avec chaque jour une ou plusieurs nouvelles découvertes. J’ai vu des lacs de montagnes, des torrents, des barrages, des gorges, des cascades et même de la neige.

Si tu me connais un peu, tu sais que le message du projet YOALIN me tient particulièrement à cœur: voyager durable, préserver la planète parce qu’on en n’a qu’une. En Suisse, on aime beaucoup prendre l’avion, que ce soit à destination des plages du bout du monde ou des villes européennes. Or, l’avion est une véritable catastrophe pour le climat. Les prix excessivement bas ne reflètent en rien le réel coût de ce moyen de transport pour la planète.

On oublie trop souvent que pour les destinations européennes, le train est une très bonne alternative, considérablement plus respectueuse de l’environnement. Oui, le prix est (parfois) plus élevé, oui ça prend plus de temps, mais l’enjeu est trop important pour ce type d’arguments. Quand, en un battement de cil, un avion nous téléporte dans le décor d’une île paradisiaque, on oublie les kilomètres avalés et les tonnes de gaz recrachées par l’appareil. En train, les paysages qui défilent par la fenêtre du wagon nous donnent pleine conscience de la distance que nous parcourons. On se laisse séduire par la diversité de la Suisse, et celle de l’Europe. Le voyage a tellement à nous offrir… et il commence déjà devant chez toi 🙂


Le parcours sur la carte

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1) Bellinzone
2) Brunico/Bruneck
3) Bled
4) Zell am See

a) Barrage de la Grande Dixence
b) Val Verzasca
c) Lago di Braies/Pragser Wildsee
d) Gorges de Vintgar
e) Lac de Bohinj
f) Ljubljana
g) Hallstatt
h) Kitzsteinhorn

P.S.: Oui, la photo de couverture de cette article est absolument photoshopée.

Catégories : Autriche | Europe | Italie | Slovénie | Suisse
Mots clés : alpes | interrail | réflexion

7 Commentaires

    • Camille

      Merci Clélia! C’était magnifique 🙂

      Réponse
  1. Kilda

    Magnifique images, superbe parcours… Ça donne envie ! 🙂

    Réponse
  2. Christophe

    Cool! Des jolis spots à découvrir! 🙂

    Réponse

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Je m’appelle Camille et je suis touriste professionnelle (entre autres). J’ai créé Lève l’encre en 2017 pour partager le récit de mes voyages à la découverte des paysages de Suisse et d’ailleurs. J’espère te donner envie de voyager, notamment en privilégiant le train – pour la planète, mais aussi parce que c’est une expérience exceptionnelle.

[photo: © Simon Brunet]

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