Dans les vignes du Tessin

14 avril 2021

Tout au sud de la Suisse, sur les flancs verdoyants du Monte Generoso, les vastes vignobles tessinois produisent des élixirs ensoleillés. Notre expédition commence dans les rues de Mendrisio, se poursuit par une balade au cœur des vignes et se termine dans une cave bio. Les jambes, les yeux et les papilles apprécient!

À la sortie du train, on peine à déceler le charme du «bourg magnifique» que l’office du tourisme de Mendrisio nous avait promis. Peut-être que les derniers sanglots des nuages, épuisés par une matinée pluvieuse, n’y aident pas. Il faut marcher jusqu’au petit centre-ville pour s’émerveiller des minuscules ruelles sinueuses, des toits en brique et des innombrables églises.

On se faufile quelques instants dans l’immensité silencieuse de l’église de S. Cosma e Damiano. Derrière sa façade monumentale, l’édifice offre un intérieur tout aussi vaste et impressionnant. L’odeur d’encens et le calme solennel semblent arrêter le temps, si bien qu’en ressortant de l’église quelques minutes (heures? jours?) plus tard, il ne pleut plus.

Les premiers panneaux jaunes invitent à prendre de la hauteur; après quelques lacets escarpés entre les belles propriétés de la Via Generoso, on se retourne pour admirer la vallée qui s’étend à nos pieds. Dans le paysage détrempé, la nature s’épanouit. La première partie du voyage se fait le long de la route, où le passage incessant et désagréable des voitures est heureusement compensé par la beauté des villages traversés.

On troque bientôt le goudron pour des sentiers en terre et les maisons pour la forêt. Notre promenade continue dans les vignes jusqu’au village d’Obino. Ses rues pavées de petites pierres rondes et lisses sont désertes.

C’est sur le trottoir, le long de la route principale qu’on rejoint Castel San Pietro, le village suivant. Sa belle église colorée surplombe les vignes. Le chemin descend encore avant d’éloigner progressivement des maisons et de replonger dans les vignobles.

Après une dizaine de kilomètres, on retrouve les rues de Mendrisio et sa gare grise et triste. Heureusement, l’aventure viticole n’est pas terminée: on embarque dans le train (puis le bus) direction Arogno. Une bonne demi-heure plus tard, on descend dans ce petit village rural au cœur de la montagne. Là encore, on s’émerveille des vignobles à perte de vue, des jolies maisons en pierre et des églises perchées sur les hauteurs.

Nous avons rendez-vous à l’Azienda Agricola Bianchi, un peu en dehors du village d’Arogno. L’entreprise familiale est la seule exploitation viticole certifiée Bio Suisse du Tessin.

Marcy et Alberto Bianchi ont créé le domaine en bio en 1998 et s’occupent aujourd’hui de la production de miel et, depuis peu, d’olives. Leurs fils Gabriele et Martino, respectivement œnologue et vigneron, s’occupent du travail viticole et vinicole.

C’est Gabriele qui nous accueille dans un français parfait – il a étudié à Changins – et nous emmène à la découverte du domaine. La famille Bianchi met un point d’honneur à favoriser la cohabitation naturelle entre la faune et la flore. Dans les vignobles en terrasse, des oies et des moutons s’occupent du désherbage et de la fertilisation naturelle du sol. Verger de pêchers, oliviers et ruches apportent de la diversité dans le paysage quadrillé de rangées de vignes.

De retour à la cave, on découvre les cuves où le travail se fait par gravité, option la plus naturelle. Le vin est mis en bouteille ou en barrique, selon les cépages. Une cuvée spéciale de 250 bouteilles numérotées, le «Marà del lago», passe même une année dans la fraîcheur des eaux du lac de Lugano.

Après les explications, la dégustation. Dans la jolie pièce aménagée à cet effet, les vastes fenêtres laissent entrer le soleil qui nous fait enfin l’honneur de sa présence. Pour les événements spéciaux et lorsque la météo le permet, une table conviviale est aménagée à l’extérieur, au cœur du vignoble.

Au programme de la dégustation: deux vins blancs et deux vins rouges, une eau-de-vie et une grappa – le tout accompagné des fameuses olives suisses et autres bonnes choses produites à Arogno. Je ne suis pas une spécialiste du vin, mon avis n’est donc pas forcément pertinent, mais j’ai beaucoup aimé le blanc Alma (dont le nom provient de la contraction des premières syllabes des parents Bianchi et signifie «âme» en portugais, langue maternelle de Marcy Bianchi) et le Merlot Piaz, qui a quand même obtenu 93 points au Decanter Award de Londres, et la 2e place au mondial du Merlot catégorie gran maestro.

On termine avec le «Sambi», qui n’est pas un vin mais une boisson d’apéro créée à partir d’infusion de fleurs de sureau. C’est pétillant, super frais et ça donne envie de se téléporter sur la plage en plein été. C’est justement au bord du lac, de retour à Lugano, que se terminera cette parfaite excursion. La lumière d’une fin de journée printanière se reflète sur le San Salvatore et y peint un décor digne d’une toile de maître.


Informations utiles

🍇 Au sujet de la randonnée dans les vignobles
Elle s’appelle «L’homme et la vigne» mais j’ai essayé, ça marche quand même si t’es une fille.
▪ Itinéraire: Mendrisio – Salorino – Obino – Castel San Pietro – Mendrisio
▪ Durée: 12 kilomètres, environ 3h45
▪ Difficulté: facile
Plus d’infos

🍇 Au sujet de l’exploitation agricole de la famille Bianchi
Toutes les informations utiles sont sur leur site internet (aussi en français) ou leur insta.

🍇 Encore un peu de Tessin

Mots clés : À pied | randonnée | Tessin

3 Commentaires

  1. Bonny Catherine

    Mille mercis, Camille pour ce joli moment d’évasion tessinois par la lecture de ce bel article si bien écrit!

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  2. Estelle

    Merci pour cet article, je vais justement au Tessin à l’Ascension, ça me donne plein de d’idées 🙂

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    • Camille

      Trop cool, profitez bien! 🙂

      Réponse

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Je m’appelle Camille et je suis touriste professionnelle (entre autres). J’ai créé Lève l’encre en 2017 pour partager le récit de mes voyages à la découverte des paysages de Suisse et d’ailleurs. J’espère te donner envie de voyager, notamment en privilégiant le train – pour la planète, mais aussi parce que c’est une expérience exceptionnelle.

[photo: © Simon Brunet]

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