Le long du Rhône, côté genevois

12 mai 2021

Au bout du lac Léman, on s’égare sur les sentiers d’une randonnée tout en dualités. Elle marie la paisible campagne genevoise au centre-ville bouillonnant, les eaux chargées de l’Arve aux flots bleus du Rhône.

Voyons le positif: la pandémie m’a permis de consacrer beaucoup plus de temps à découvrir la Suisse. Pourtant, je ne m’étais pas encore aventurée en terres genevoise pour des motifs autres que les études ou le travail. Quelle erreur! Non seulement, la ville est vraiment belle (comme toute ville située au bord d’un lac!) mais en plus, la campagne offre tout un éventail de choix pour les randonn(h)eureuses en baskets.

Mon infatigable acolyte Lucie (que je n’ai jamais présentée officiellement mais qui est de toutes les meilleures aventures, en train, en montagne, etc) a décidé de pousser notre passion commune pour le train au niveau supérieur en rejoignant les CFF. Pour sa formation, elle traîne de gare en gare et m’a proposé de visiter celles du réseau genevois en combinant la partie formelle avec une randonnée. J’ai donc évidemment saisi cette parfaite occasion de profiter d’un rayon de soleil et d’un peu d’exotisme.

Après avoir narré le développement du projet dans les pages du Magazine ATE, j’ai eu le plaisir de monter pour la première fois dans le Léman Express. Depuis Cornavin, le train international nous emmène dans le minuscule village de Russin, au pied de vastes vignobles.

Les champs de colza viennent de fleurir, ils parfument l’air de cette journée presque estivale. Nous suivons le Sentier du Rhône, qui part normalement de la Plaine, la dernière gare sur cette ligne. Depuis Russin, on plonge directement dans la nature. Derrière les champs éblouissants et les haies vives, des vignobles encore nus hérissent les collines.

Un peu sans faire exprès, on décide de s’éloigner du sentier pour entrer dans la réserve naturelle des Teppes de Verbois. Très vite, nos pas nous conduisent sur les rives de l’étang Jacques Burnier, baptisé en l’honneur de l’un des fondateurs de ce qui est actuellement la section genevoise de Pro Natura. Excitées par le printemps et la chaleur, les grenouilles offrent une symphonie assourdissante qui fait oublier le chant des avions pendant quelques instants. L’endroit désert est magnifique, la couleur de l’eau complètement dépaysante.

Notre chemin s’engouffre dans la forêt et continue le long du Rhône avant de rejoindre un peu de civilisation. Au bord de la route, le trottoir file sur le barrage de Verbois qui nous permet de traverser la rivière. On atteint rapidement Aire-la-Ville, qui a davantage l’air d’un village, puis on replonge dans la nature. Au cœur de la forêt, la lumière peint un très beau spectacle – «parfait pour ton feed insta», notent les yeux aguerris de Lucie.

Après une petite pause avec vue depuis la falaise, on retrouve le rivage. Des forêts de roseaux ont poussé dans les coins plus calmes du Rhône et abritent des canards. L’observatoire ornithologique de Chèvres, jolie cabane de bois montée sur pilotis, permet d’admirer les animaux dans leur habitat sans les déranger.

Au niveau de l’eau, sa couleur et sa transparence impressionnent. Le sentier n’a de cesse de flirter avec la rive avant de s’éloigner, il grimpe en escaliers puis redescend dans la forêt. Les jambes travaillent et les yeux apprécient.

Petit à petit, la forêt laisse place à des pâturages puis des champs cultivés. On atteint l’impressionnante passerelle des Chèvres mais on poursuit notre route sans la traverser. Déjà, la ville sème quelques indices au milieu de la nature – ici un immeuble, là une route goudronnée. Genève n’est plus très loin.

On a l’impression d’atteindre vraiment le périmètre urbain en passant sous les immenses arches du pont Butin. On longe alors des jardins grillagés jusqu’au viaduc de la Jonction, objectif de notre randonnée. De son sommet, on s’émerveille de l’union du Rhône et de l’Arve à nos pieds. La mariée est verte, le marié bleu…

Nos pas nous guident au hasard en direction du centre-ville où on aura juste le temps d’apercevoir le jet d’eau avant de reprendre le train pour la maison.


Informations utiles

🟢 Itinéraire: Russin – Aire-la-Ville – puis le long du Rhône jusqu’à Jonction
🟢 Durée: environ 18 kilomètres, 5 heures
🟢 Difficulté: facile techniquement, un peu physique

Nous avons suivi le Sentier du Rhône (dans le sens inverse que proposé par SuisseMobile, soit de la campagne à la ville).

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Bienvenue à bord

Je m’appelle Camille et je suis touriste professionnelle (entre autres). J’ai créé Lève l’encre en 2017 pour partager le récit de mes voyages à la découverte des paysages de Suisse et d’ailleurs. J’espère te donner envie de voyager, notamment en privilégiant le train – pour la planète, mais aussi parce que c’est une expérience exceptionnelle.

[photo: © Simon Brunet]

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