Quelle meilleure destination que la Sibérie suisse pour rechausser les skis de fond? Afin de tester le Bus des neiges, j’ai voyagé jusqu’aux confins de nos contrées, bravé le vent mordant et glissé à travers d’étourdissants paysages enneigés.
Autant tout de suite éclaircir les choses: je suis bien allée jusqu’à la Brévine en ski de fond, mais pas depuis la maison. On ne sait jamais, l’équipe premier degré pourrait dénoncer ce titre putaclic. Mon expédition en terres neuchâteloises avait la double vocation de remettre les skis de fond et de tester un transport public un peu spécial.
J’en ai parlé sur les réseaux sociaux, cette année j’ai le plaisir de gérer un projet de l’ATE en collaboration avec le Club Alpin Suisse: le Bus des neiges. Ce service presque à la demande permet de relier le dernier arrêt des transports publics au départ des excursions à ski, raquette, peau de phoque et compagnie. Le Bus des neiges, c’est un peu l’équivalent de l’armoire dans Narnia: tu ne t’en doutes pas en entrant mais tu en ressortiras dans un décor enchanteur fait de vastes plaines et de hauts sapins couverts de neige.
Ça fait un moment que je n’ai pas parlé d’environnement, mais soyons honnête, la situation ne va en tout cas pas mieux sur le plan du réchauffement climatique. Le secteur des transports est le plus gros contributeur aux émissions de gaz à effet de serre de la Suisse et, où nous sommes les pires, c’est dans les loisirs.
Le Bus des neiges offre une super alternative pour laisser la voiture au garage et profiter des joies de la montagne. Avantage notable: comme toujours en transports publics, tu n’as pas besoin de faire une excursion en boucle. Tu peux terminer ta journée dans un autre endroit et y reprendre le bus ou le train pour rentrer chez toi.
C’est donc ce que j’ai décidé de faire pour tester le Bus des neiges. J’ai pris le train jusqu’à Fleurier en profitant de la vue sur le Creux du Van avant de monter dans le car postal pour le petit village des Verrières, dans le Val-de-Travers. Là, le gentil chauffeur du Bus des neiges m’attendait. C’était le premier jour de la saison et j’étais la seule à l’avoir réservé, c’est donc en voiture plutôt qu’en bus qu’il m’a emmenée jusqu’aux Cernets, où se trouve le départ des pistes.
Depuis cet article, il y a près de quatre ans, je n’ai pas eu l’occasion de retenter l’aventure du ski de fond. Je comptais sur la présence d’autres personnes pour m’inspirer de leur technique et retrouver quelques bases, mais c’est peine perdue puisque la piste est déserte. Pas d’autre choix que de me faire confiance et de laisser glisser. Au pire, j’y gagnerai quelques bleus.
La première partie du parcours serpente dans la forêt. La neige n’est plus très fraîche et quelques pives et branches tranquillement lovées dans les traces menacent de me faire vaciller. Je m’aperçois rapidement que le skating est bien davantage à la mode que la technique classique et j’admire la danse fluide des quelques skieurs et skieuses que je croise. Je reste dans les traces et m’en tiens à mon rythme modéré tout en profitant du paysage. C’est très beau et particulièrement calme.
Après une petite heure de glisse, les hauts sapins se font plus rares et la vue se dégage. Le soleil se mire dans les étendues blanches qui scintillent de plaisir. Ici et là, quelques chalets parsèment le coton immaculé.
J’arrive dans une sorte de combe battue par les vents. Ils emportent la neige qui virevolte au ras du sol avant de se déposer sur les traces, rendant mon expédition plus ardue. Mais j’avance, le nez bien emmitouflé dans mon écharpe.
Finalement, après un peu plus de 3h30 à glisser presque sans tomber, les fermes et les chalets se font plus nombreux autour de moi. Au loin, j’aperçois le village de la Brévine, niché au creux de cette vallée intacte. Malgré les températures polaires qui ont fait sa réputation, l’endroit me semble chaleureusement accueillant.
C’est ici que se termine mon aventure en ski de fond. L’expérience aura été aussi éprouvante que fascinante. Les 17 kilomètres du parcours offrent de superbes paysages, même si la partie dans la combe m’a semblé plutôt longue – mais peut-être simplement parce que le vent rendait ma progression plus difficile.
Infos utiles
Le parcours
❄ Transports publics aller: en train jusqu’à Fleurier, en bus jusqu’aux Verrières puis le Bus des neiges jusqu’au départ.
❄ Ski de fond: Les Cernets (restaurant) – La Brévine. 17 kilomètres, environ 3h30 pour la débutante que je suis.
❄ Transports publics retour: bus depuis La Brévine puis plusieurs options. Je suis rentrée par Le Locle puis Neuchâtel.
La montagne sans voiture
❄ Au sujet du Bus des neiges: cet hiver, il circule sur 8 itinéraires dans toute la Suisse. Tu peux réserver ta course en ligne jusqu’à la veille à 18h.
❄ Si tu privilégies généralement la voiture pour aller en montagne, n’hésite pas à jeter un œil à la campagne #POWTakeTheTrain de Protect Our Winters.
❄ Si tu veux de l’inspiration, je te conseille de suivre Mat Schär sur les réseaux sociaux. Le snowboarder et skieur genevois est super engagé sur la question. Et en plus, il est sympa. Je l’ai interviewé ici.
Le ski de fond pour les nul∙les
❄ Il faut payer l’accès aux pistes en achetant une carte auprès de l’association romande de ski de fond. Ça coûte 12.- la journée (forfait semaine et saison également disponibles). Toutes les infos par ici.
❄ Pour le matériel, j’ai loué les skis, les bâtons et les chaussures chez Goéland location à Neuchâtel. Le service est top, l’équipe super gentille et la location pas chère (17.- pour le tout, pour deux jours).
❄ Pour la tenue, ne t’habille pas trop chaud; le ski de fond est assez cardio. Un leggings et une veste coupe-vent devraient suffire, surtout par beau temps.
Super article et joli choix de vocabulaire, quel plaisir de te lire !
A plus sugus 😘
Merci meuf 🤍
Magnifiques paysages 😍
Oui c’était très beau!
La première photo est vraiment incroyable ! Merci pour l’article, ça donne envie d’aller dans cette région.
Coucou,
Génial ce projet de bus à neige! J’essaie de convaincre mon chéri de nous rendre à ski en TP mais avec les enfants et tout le matos, ce n’est pas tâche aisée 😉
Bisous
Virginie