On les apprécie aussi: les jolies randonnées, pas trop exigeantes mais particulièrement époustouflantes. C’est le cas de celle qui relie le Col des Mosses au Pic Chaussy, dans le canton de Vaud.
Ce n’est même pas siii loin sur la carte, mais il faut bien avouer que rejoindre les Préalpes vaudoises en transports publics depuis la Broye demande de se lever tôt. Si tu lis régulièrement mes articles, tu sais que cela ne me dérange pas et que le réveil matinal constitue même l’un de mes meilleurs conseils pour profiter aux mieux des endroits un peu touristiques.
Ce vendredi d’octobre, j’arrive à Aigle juste avant le lever du soleil, après être passée par Yverdon-les-Bains et Lausanne. Je monte dans la rame presque déserte des TPC dont les banquettes bariolées et la moquette ornant les parois tricotent un charme désuet. On grimpe vers les montagnes dans les premières lueurs du jour. Elles peignent le ciel en rose juste au-dessus du superbe château d’Aigle et des vignes qui courent à ses pieds. La montée est lente, magnifique.
Au Seppey, il faut prendre le bus jusqu’au col des Mosses, le départ de la promenade. Les premières enjambées servent à se réchauffer et à s’extraire du village encore endormi. Ça grimpe directement entre les chalets de bois et au son des cloches des vaches. Le soleil passe timidement la tête au-dessus des sommets, les rayons ébouriffés et l’éclat somnolant.
Je quitte les dernières habitations pour fouler un tapis d’aiguilles roussâtres, marchant dans l’ombre des arbres qui s’en sont allégés. Je pousse le métal froid d’un tourniquet pour rejoindre un vaste pâturage. Au loin, les montagnes grises délimitent l’horizon.
En avançant, je perçois la mélopée d’un ruisseau dont je repère bientôt les flots entre les sapins. La sente herbeuse rejoint la route asphaltée et la montée continue. Sur l’imposante paroi rocheuse qui s’élève devant moi, les arbres ont pris des teintes flamboyantes. On dirait qu’un flot de lave dévale la montagne, tout juste freiné par quelques sapins sombres.
Je passe devant des vaches et des chevaux avant d’atteindre le réservoir d’Ormont. Ici, un parking permet à celles et ceux qui optent encore pour la voiture de s’épargner une petite partie de l’effort – au détriment de la préservation du paysage et de la qualité de l’air, mais c’est un autre sujet.
Les panneaux indiquent deux options : direction la droite pour rejoindre le Pic Chaussy et la gauche pour passer par le lac Lioson. J’ai très envie de voir ce dernier avant d’atteindre le sommet. Je redescendrai donc par l’autre côté. Il fait encore frais mais la pente me réchauffe. Le panorama s’ouvre très vite sur les montagnes d’en face qui pointent vers un ciel sans nuage. Le chemin est désert, j’en profite en écoutant le bruissement du vent dans les arbres.
Le large sentier se tortille encore sur quelques enjambées avant de déboucher sur le lac. Les hauts sommets qui veillent sur lui n’ont pas encore laissé passer le soleil. Ils se mirent dans la paisible surface, témoins immobiles du calme qui règne ici. Je prends le temps, longe le rivage et plonge les yeux dans les eaux limpides.
Depuis le lac, il faut compter un peu moins d’une heure et demie pour rejoindre le Pic Chaussy. Les marquages rouges et blancs montrent la voie, se faufilant entre pierres, gravillons et herbes sèches. Je grimpe un chemin de terre qui s’ouvre sur un pâturage vallonné. Le chemin serpente, prenant très vite de la hauteur. Derrière moi, le lac est encore dans l’ombre, onyx brillant bordé de sapins noirs.
À mesure que je prends de l’altitude, le soleil éclaire mon chemin et faire chatoyer les versants. Je ralentis, admirant le lac en contre-bas, les montagnes au loin, le ciel bleu où guigne encore la lune.
Sur une petite crête, le sentier retrouve celui qui partait sur la droite sans passer par le lac et s’y mêle pour former une seule route vers le sommet. Elle zigzague de bon cœur afin de franchir le joli dénivelé qui mène à la crête. Quelques pas devant moi, j’entends des rires et des éclats de voix. Deux deux silhouettes vêtues de vestes bleues contrastent avec le paysage minéral et les herbes roussies par l’automne. Je me calque sur leur rythme et avance d’un bon pas en direction du sommet.
Ça grimpe, ça chauffe mais qu’est-ce que c’est beau! J’atteins l’arrête où je reprends mon souffle en contemplant l’époustouflant panorama. Des villages embrumés à mes pieds, des sommets acérés droit devant. Un panneau annonce «Pic Chaussy 2308 mètres».
D’ici, il reste une arête à parcourir jusqu’au plus haut point. Une brise agréable accompagne cette dernière ascension. Je serpente entre les pierres inégales qui balisent le chemin et me voici enfin tout en haut. Il y a déjà quelques personnes, dont les deux vestes bleues et un petit chien adorable. On parle peu, ou dans un murmure, l’attention happée par la beauté du paysage.
Après avoir embrassé du regard les nombreux sommets qui s’étendent à perte de vue, j’entame la descente. Dans le berceau de la montagne, le lac profite enfin du soleil qui fait miroiter ses reflets bleutés. Les marcheurs et marcheuses commencent à affluer, je les entends avant de les voir. On se croise, on se sourit, on se salue.
À la bifurcation, je pars sur la gauche et jetant un dernier coup d’œil au lac. Le sentier plonge dans un large cirque au cœur duquel s’ébrouent deux chevaux. Ils semblent minuscules dans l’immensité du décor. Une vaste gouille apparaît en contre-bas. Je longe son rivage jusqu’à la buvette des Petits-Lacs, déjà fermée pour l’hiver.
Je traverse un ruisseau et dévale les derniers kilomètres en admirant l’œuvre de l’automne sur la nature. Lorsque je rejoins le Col des Mosses, le soleil est au zénith et sa chaleur m’enveloppe agréablement le temps d’attendre l’arrivée du bus.
Infos utiles
⛰ Itinéraire: Col des Mosses – réservoir d’Ormont – lac Lioson – Pic Chaussy – Buvette des Petits-Lacs – réservoir d’Ormont – Col des Mosses
⛰ Durée: environ 4 heures (2h15 de montée, 1h45 de descente)
⛰ Longueur: 10 kilomètres, ↗ 890 mètres ↘ 890 mètres
⛰ Difficulté: facile
Magnifique reportage <3 j'aime beaucoup cette région . Par contre la montée au Pic Chaussy , je crais de ne pas y arriver 🙁
Merci pour ces superbes photos …Bonne semaine .