Un petit shot d’adrénaline? Avec ses passerelles vertigineuses agrippées aux falaises abruptes, le bisse du Ro est l’un des plus impressionnants du Valais. Il conduit jusqu’à la couronne du monumental barrage Tseuzier, ou les montagnes se reflètent dans une eau cristalline.
Je ne sais pas pour toi, mais personnellement je n’ai pas encore laissé mon esprit passer en automne. J’aime bien cette saison, hein, c’est juste que je ne suis pas prête. L’autre jour, par l’intermédiaire de l’excellent Bulletin, j’ai découvert le concept de «nagori». Ce mot intraduisible japonais fait référence à la nostalgie de la séparation, et surtout à la nostalgie de la saison qui s’achève. On l’écrit avec ces deux signes «名残», ce qui signifie littéralement et bien poétiquement «reste des vagues».
Je me trouve pile à cet endroit, assise sur le rebord d’un été au goût amer, pas tout à fait prête à sauter dans les feuilles mortes. Alors je te partage encore une jolie randonnée ensoleillée, de celles qui te donnent le vertige, te font transpirer puis finissent par t’émerveiller en dévoilant un incroyable panorama une fois au sommet.
Le réveil avait sonné aux aurores, même avant que le soleil n’ait démêlé ses premiers rayons. C’était en juillet de l’an passé et j’avais suivi une fois encore les recommandations infaillibles de mon frère, venu ici quelques jours avant. Les pieds glissés dans nos chaussures de randonnée, nous avons commencé à marcher au niveau de Plan Mayen, juste au-dessus de Crans-Montana.
La tentative d’éviter la foule est très réussie mais, en conséquence, les premiers pas se font à l’ombre. L’étroit sentier caillouteux laisse très vite la place à des passerelles en bois accolées à la montagne. Dans son profond sommeil, la forêt n’entend pas le murmure de l’eau. Le bisse chante pourtant sur notre droite.
J’ai déjà parlé de ces canaux d’irrigation typiquement valaisan par ici. Si l’histoire du bisse du Ro t’intéresse, des panneaux didactiques jalonnent la promenade. Pour notre part, nous poursuivons l’ascension jusqu’à la passerelle métallique assez récente. Sur une centaine de mètres, on traverse la structure en profitant du coup d’œil sur les environs. C’est superbe et particulièrement impressionnant.
Le chemin est étroit mais agréable et bien entretenu. Il continue de longer la montagne, traverse un pierrier et se rafraîchit sous une cascade avant de quitter le rempart rocheux et le bisse pour d’accueillants pâturages. Le soleil a maintenant dépassé les cimes et échauffe nos fronts déjà transpirants. Au loin, l’immense falaise du barrage Tseuzier apparaît entre les arbres, mais notre route est encore longue…
Après un ultime effort, on débouche finalement sur les bords du lac Tseuzier. Le bleu de son eau est magique. On y contemple les reliefs complexes de la montagne, son savant alliage de verts et de gris piqué de sapins. Sur la couronne du barrage, le spectacle est à couper le souffle: d’un côté la surface impassible du lac, de l’autre le vide immense qui plonge dans la vallée et renvoie l’écho de nos mots.
Après une pause bien méritée sur la terrasse du petit restaurant, on entame la descente. On peut bien évidemment reprendre le même chemin en sens inverse mais, après quelques centaines de mètres, on choisit de prendre sur la droite en direction d’Icogne pour revenir à notre point de départ par le bisse du Lens. Dans les pâturages sauvages, les vaches paissent sans trop prêter attention à notre passage.
Les jambes fatiguent et le chemin est assez exigeant – notamment la dernière «petite» montée qui permet de rejoindre le bisse du Ro. Soyons honnêtes, il n’est pas impossible que nos pas se soient perdus sur les derniers kilomètres, mais c’est forcément de la faute des panneaux indicateurs qui pointent dans toutes le directions en annonçant toujours «Crans». Quoi qu’il en soit, on finit par rejoindre Plan-Mayen en début d’après-midi pour clore cette magnifique randonnée.
Informations utiles
💙 Itinéraire: Plan-Mayen – bisse du Ro – barrage Tseuzier – bisse du Lens – Plan Mayen
💙 Durée: 18 kilomètres, environ 5h30
💙 Dénivelé: environ 1500 mètres à monter puis à redescendre
💙 Difficulté: plutôt physique, certains passages sont déconseillés aux personnes qui ont le vertige
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